Beau regard
de Pierre Jean Jouve

critiqué par JPGP, le 26 septembre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Pierre-Jean Jouve et les amours illicites
Écrit en 1927 mais écarté par Jouve pour de “raisons affectives compréhensibles , ce texte analyse la relation clandestine entretenue avec une amante. En dépit des obstacles de la religion, du mariage et de la société, l’auteur ose cet amour sans réserve, et "déballe" tout de la fraîcheur des premiers mots jusqu’aux chagrins de la fin. Quoique éphémère cette histoire restitue l'éternité de ce type de relation universelle et intense.

Se découvre de plus la perfection formelle de l'oeuvre où la psychanalyse du grain à moudre. Pas toujours perçue près d'un siècle plus tard sa juste mesure la création jouvienne ne cesse de considérer le langage comme l’organe spirituel de l’homme et la poésie comme l’expression des hauteurs de la langue - ce qui ne l'empêche pas de refuser les propensions simplement spirituelles d'un tel genre.

L'amour est là tel quel : "C’est fait, le rideau se déchire, les visages sont pourpres, tout est désormais nu, terrible, l’homme et la femme se contemplent, s’approchent. Une face pâle est effrayée, des souffles sont perdus dans une fête. L’avenir se déroule – j’accepte – j’accepte – déjà avec mes deux bras je lui fais une ceinture, c’est plus chaud que son regard." Toute la dimension physique et les déchirements de l'âme sont là de manière fractale.