Une vie étincelante
de Irmgard Keun

critiqué par Pucksimberg, le 17 septembre 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Soif d'émancipation pour cette héroïne allemande des années 30
Doris est une jeune femme pleine d’entrain qui veut devenir comédienne, ou plutôt une star. Elle quitte sa ville pour gagner une ville plus grande : Berlin. Elle cherche une ville à sa mesure. Le roman se déroule dans les années 30 et on y croise des artistes, des personnes ruinées à cause de la crise, de nombreux hommes avec lesquels Doris aura une histoire … Cette héroïne veut croquer la vie à pleines dents et s’émanciper.

Ce roman a été écrit en 1932 et c’est ce point qui donne un charme particulier car il photographie une Allemagne à une époque charnière. De plus, le roman est écrit par une femme, qui semble être tombée dans l’oubli un certain temps après de nouvelles rééditions, et évoque l’émancipation de son héroïne. Cette réédition redonne la voix à cette écrivaine. Doris est libérée, enfreint certaines conventions sociales et prend des libertés avec la morale. Il y a une certaine insouciance chez elle et une réelle volonté de profiter. Elle est belle et sait charmer les hommes. Elle fréquente les endroits côtoyés par les artistes et les hommes riches. Ce genre d’héroïnes change de la peinture de certaines femmes en littérature au début du XXème siècle. On pense évidemment à Colette à certains égards.

Le roman se lit facilement et possède de nombreuses allusions comiques. Irmgard Keun adopte un ton particulier et le lecteur se surprend à lire franchement en lisant certaines expressions. Il y a de belles trouvailles qui dynamisent le style de l’écrivaine. Pour ce qui est du rythme, j’ai ressenti parfois de l’ennui et de la lassitude à suivre ce personnage et ses conquêtes. Elle passe d’homme en homme et une certaine routine s’installe malgré l’originalité du personnage féminin et le ton utilisé.

Derrière les aventures de Doris, c’est aussi la réalité de l’Allemagne qui est dépeinte comme si l’écrivaine était témoin d’un moment de bascule. Découvrir un roman réédité a un certain charme comme si l’on réparait certains oublis. Ce texte est agréable à lire mais ne me laissera pas un souvenir impérissable.