Face à l'antibiorésistance: Une écologie politique des microbes
de Charlotte Brives

critiqué par Colen8, le 14 septembre 2023
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Alternative antibactérienne
La capacité des virus à entrer dans une cellule pour y introduire leur ADN et s’y multiplier est une des clés de l’évolution. Ce faisant ceux-ci peuvent soit lui conférer par symbiose des propriétés nouvelles, soit simplement la parasiter, soit quand il s’agit de virus bactériophages adaptés la détruire selon le cycle lytique. Connaître depuis le début la résistance des bactéries pathogènes aux molécules chimiques antibiotiques n’a pas freiné leurs usages.
Bien au contraire, depuis les années 1950 pour rejoindre les enjeux de productivité capitaliste, les antibiotiques déversés par millions de tonnes agissent comme une bombe à retardement plus immédiate et aussi grave que le changement climatique. Sols, eaux, immenses plantations de monocultures, animaux terrestres et marins des élevages industriels, services hospitaliers face aux infections nosocomiales subissent majoritairement les effets de l’antibiorésistance.
Connus et utilisés pour leur efficacité contre les infections il y a plus d’un siècle les virus bactériophages désignés phages tout simplement étaient tombés en désuétude excepté en URSS et plus précisément en Géorgie. Perçus dorénavant comme la seule thérapie alternative contre une demi-douzaine de bactéries hyper-virulentes leur mise en œuvre respectant les protocoles de l’industrie pharmaceutique se heurte à une complexité inattendue.
L’ensemble des connaissances théoriques et expérimentales à développer, les contraintes d’organisation à coordonner, les freins possibles d’ordre biologique, sanitaire, thérapeutique, sociologique et financier en font un objet éminemment politique. L’enquête de l’anthropologue des sciences Charlotte Brives est à prendre comme une véritable épistémologie de la phagothérapie pour les années à venir.