Lee Miller
de Klaus albre Schroder

critiqué par JPGP, le 3 septembre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Vie sauve de Lee Miller
Considérée dans sa période parisienne comme une photographe surréaliste, Lee Miller - après avoir travaillé avec Man Ray et exploité diverses techniques expérimentales - se dirigea vers une photo de « reportage » (elle photographia la guerre et ses conséquences avec des images terribles de la Shoah) dans la lignée de la photographie américaine.

Dans tous les cas la créatrice a su capter divers points de sourde incandescence de la vie la plus fragile et intense le temps. Chaque prise fut effectuée de plus en plus par « surprise » à mesure que l’artiste avançait dans son travail. Une simple main à travers une fenêtre suffit dans l’œuvre à manifester l’être. Le corps qui dans un premier temps voulait dépasser le réel à travers ses poses devint une présence diffusant avec humour la chaleur du vivant et l’attention portée à l’autre.

De chaque épreuve surgit un mouvement, un équilibre. Le corps s’est libéré peu à peu de l’emprise de la pose : il devient un feu ou un fruit noir et blanc qui accorde jusqu’à l’absence une présence de la part universel dont la photographie « trahit » la pulsation intime.

L’existence ménage ses appuis sur le sol, monte d’un corps incertain voire caché en une écume d’ombre. Du réel Lee Miller osa brader la ressemblance au profit d’une apparition de l’insaisissable. Par l’infime la présence est accru. Le corps « unique » apparaît dans une succession d’instants où le blanc surprend le noir comme celui-ci s’empare du premier.

Jean-Paul Gavard-Perret