La cavale
de Albertine Sarrazin

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 18 novembre 2004
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Conditions de détention
Dans ce deuxième tome, Albertine Sarrazin (sous le nom d’Anick Damien dans le livre) est à nouveau l’héroïne. La revoilà en prison, pour cambriolage. Et Julien (ici surnommé Zizi) est lui-même aux arrêts. N’étant pas mari et femme, ils n’ont pas droit au parloir. Par avocats interposés, ils arrivent à grappiller quelques nouvelles de l’autre. On est forcé d’admirer leur amour qui, malgré cette absence totale de contact direct, ne cesse de s’affirmer. Lors de la première comparution au tribunal, ils se revoient enfin et personne ne s’étonne de les voir s’embrasser à pleine bouche et si longtemps… Ce que les policiers ne savent pas, c’est que Zizi en profite pour faire passer un chewing-gum de sa bouche à celle d’Anick, chewing-gum qui renferme un petit mot illicite… Le courrier qui circule par la voie officielle est bien entendu censuré, et comment organiser une évasion commune sans jamais se parler ? Il faut bien trouver des moyens alternatifs. Et le transfert buccal ne sera pas le seul…

Contrairement à ce que le titre suggère, le livre ne traite pas d’une évasion, mais d’un projet d’évasion grâce auquel ils ne deviennent pas fous. Albertine fait plus qu’évoquer la vie carcérale, la vie en groupe : elle la vomit. Chaque page écrite en prison est, on le sent, un autre moyen de ne pas lâcher prise, de ne pas se laisser aller au désespoir, à la torpeur. Non, elle écrit, Albertine, ah ça !, ils ne l’auront pas ! Encore et toujours, comme dans le premier tome, sa volonté ne se laisse entamer par rien, ni par les délais sans cesse postposés, ni par les mesquineries internes, ni par la promiscuité, ni par la manipulation des gardiennes. Femme de tête, elle se rend indifférente à toutes brimades et autres frustrations. Cela fera sa force.

Le style plutôt cru d’Albertine Sarrazin pourrait déplaire à certains. Pour ma part, je trouve logique d’utiliser un vocabulaire brut pour coller à une réalité qui ne fait pas dans la dentelle…