La collaboration Staline-Hitler: 10 mars 1939-22 juin 1941. Août-septembre 1944
de Jean-Jacques Marie

critiqué par CHALOT, le 15 août 2023
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
analyse historique passionnante
La collaboration Staline-Hitler
10 mars 1939-Août-septembre 1944
par Jean-Jacques MARIE
Éditions Tallandier
316 pages de texte
25 pages de notes et références
mai 2023

Analyse historique magistrale


Aucun livre de Jean-Jacques MARIE ne passe inaperçu, celui-ci est étonnant, intéressant et même captivant.
Son auteur, l'un des plus grands historiens spécialistes de l'Union Soviétique et du communiste étaie son argumentation de documents et de références irréfutables.
Ce document ne plaira pas à tout le monde, notamment aux derniers thuriféraires du stalinisme et à tous ceux qui pour une raison ou une autre ont nié la nature de la politique de Staline.
Beaucoup de commentateurs ont expliqué que le pacte proposé le 20 août 1939 par Hitler à Staline était un pacte de non-agression.
Plus tard il sera dit par certains que Staline ne pouvait pas faire autrement, que c'était un calcul politique.
Alors qu'Hitler propose à Staline un accord conjoncturel lui permettant d'attaquer la Pologne, Staline répond par écrit et est explicite : «  L'accord du gouvernement allemand pour signer un pacte de non-agression constituera la base permettant de liquider la tension politique et d'instaurer la paix et la collaboration entre nos pays. »
Le mot collaboration sera retiré par nombre d'historiens alors qu'il s'agit pour Staline d'instaurer une alliance durable.
Cette alliance a priori contre-nature conduira au dépeçage « commun » de la Pologne, à de la collaboration économique et même politique.
Staline livrera des communistes allemands à son « allié » et dissoudra le parti communiste polonais.
Il va pouvoir annexer la moitié de la Pologne, les pays baltes , de s'en prendre à la Finlande....
Staline envisagera même de se rallier au pacte tripartite des pays fascistes.
Cette politique conduira le chef suprême de l'URSS à continuer à liquider les communistes russes qui lui font de l'ombre ou qui risquent un jour de dire la vérité.
Comment a-t-il pu croire à la parole d'Hitler, à une alliance durable possible ?
Ce n'est pas de la duplicité mais de la myopie.
Alors que tous les observateurs et des communistes lui annonçaient preuves à l'appui qu'Hitler massait des troupe pour attaquer la Russie en mai ou juin 1941, il a continué à approvisionner de matières premières l'Allemagne nazie jusqu'à la veille de l'invasion.
L'auteur de ce livre démonte pièce par pièce la plus grande mystification de l'histoire contemporaine.
Ce livre fait froid dans le dos, notamment quand Jean-Jacques Marie revient sur l'insurrection de Varsovie en août – septembre 1944 quand au moment de la répression sanglante nazie de l'insurrection populaire, il refuse de faire intervenir les forces soviétiques stationnées non loin de là.
Le NKVD ( police politique) traîne les chefs de l'insurrection populaire en juin 1945, il « a extorqué aux accusés des aveux délirants qui présentent les dirigeants de l'insurrection comme des agents allemands. » !?

Ce livre dévoile à ceux qui sont « myopes politiquement » la personnalité et la politique de Staline, fossoyeur criminel et ennemi du socialisme.

Jean-François C