Le siècle des charognes
de Léon Bloy, Félix de Recondo (Dessin)

critiqué par JPGP, le 18 juillet 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Léon Bloy le dynamiteur
Bloy le lyrique est sinon plus lucide du moins plus désespéré que les auteurs les plus inflexible comme l'auteur des Fleurs du Mal par exemple. Au sujet de la société il écrit : “ Obsession terrible ! Entendez-vous ce concert, dans ce palais en fête, cette musique, ces instruments de joie et d’amour qui font croire aux hommes que leur paradis n’est pas perdu !”

L’hyperbole qu’on a souvent reprochée à l’auteur est ici tout à fait de mise. Il s’agit pour lui - et une fois de plus - de prêcher dans le vide mais sans jamais renoncer pour autant : “Pour moi, c’est toujours la fanfare du lancer, le signal de la chasse à courre”. Une telle “fanfare (l’inverse d’une fanfaronnade) permet - au moins - de survivre, de signaler sa présence et celles de ses semblables, ses frères : les pénitents que l’Histoire écrase.

Certes les illustrations de Felix de Recondo ne sont pas au niveau du texte de Bloy. Leur technique originale à la pointe d’argent est insuffisante pour amplifier le lyrisme littéraire. Il manque, chez Redondo, du Goya. Ses vanités restent anecdotiques en leur « truculence » (trucage ?) théâtrale. Chaque dessin devient un radeau qui flotte sur des eaux profondes mais sans en plonger dans le ténébreux et la détresse.

Jean-Paul Gavard-Perret