Le Trophée
de Gaea Schoeters

critiqué par Darius, le 30 juin 2023
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Le chasseur et son trophée
Dès que j’ai commencé la lecture de ce livre j’ai été très surprise et je voulais tout savoir de cette écrivaine flamande qui vient de mon pays .
Malheureusement sur Google je n’ai pas appris grand chose sur sa vie. Comment est-il possible qu’elle connaisse aussi bien les coutumes africaines de chasse, la chasse au gros gibier pratiquée par les riches occidentaux et le terrain de chasse en lui-même ?. Ses descriptions sont stupéfiantes, aussi bien les forêts que les animaux, que les mentalités de ce petit monde de chasseurs.
Comment naît-on chasseur ? Comment dès le plus jeune âge est-on initié à la chasse comme chez le héros du livre un certain Hunter White ?.

« Touché mais pas mort. Le cauchemar de tout chasseur à l’exception de quelques rares sadiques. Quiconque prend plaisir à voir souffrir sa proie n’est pas un chasseur. Toute personne ayant un quelconque sens de l’honneur préfère tuer d’un seul coup. C’est dans cette maîtrise que réside le plaisir de la chasse : atteindre le gibier d’un unique coup de feu de telle sorte qu’il s’arrête de courir sans jamais avoir su ce qui lui était arrivé. C’est une leçon que son grand-père lui a enseigné à la dure »

Hunter White, un riche homme d’affaires américain, se rend en Afrique pour revenir avec son trophée: la tête d’un rhinocéros soigneusement sélectionné par un certain Van Heeren, un blanc qui vit sur place et qui règle les visites des chasseurs en provenance de l’Occident.
Malheureusement le rhinocéros sélectionné sera abattu par des braconniers et Hunter ne pourra ramener son trophée . Alors Van Heeren lui en propose un autre , non pas un rhinocéros mais … un humain . Cela semble incroyable mais toute l’histoire de ce roman vous fera découvrir avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité que cet humain choisi est d’accord de devenir un trophée . C’est un jeune homme qui avait pourtant toute la vie devant lui.

“Dans sa mémoire (celle de Hunter le chasseur) s’alignent les animaux qu’il a abattus au bout du canon. L’hippopotame, les lions , le guépard , le vieil éléphant mâle massif et grandiose. La terre a tremblé lorsqu’il est tombé , deux buffles, des élans, une girafe, un koudou. Un zèbre, un gnou. Une douzaine de pumas . L’accumulation des trophées l’emporte sur sa peur . Qu’est-ce qu’un tel garçon pourrait bien lui faire ? À lui Hunter, le chasseur »

« Dans la nanoseconde où il (Hunter) a appuyé sur la gâchette, ce qui défile devant les yeux de Nqate (l’humain ciblé par Hunter) c’est la vie qu’il ne mènera pas, mais qu’il avait imaginée . Le koudou mâle qu’il va chasser pour obtenir la main de Xoan, sa demande en mariage , leur premier baiser , ses mains étonnées sur la douceur de ses seins, les danses, la cérémonie de mariage, la première nuit où il dormira avec elle et où son corps envahira le sien , un toucher aussi intime que celui du tir mais qui ne donne pas la mort mais bien plutôt la vie à un nouvel être , son fils, un deuxième fils, sa fille …il n’ira pas plus loin que ça. Dans une déflagration goulue et obscène , la balle pénètre l’épaule gauche de Nqate , arrachant une partie de son omoplate , et le projette au sol avec une force écrasante”.

Je vous réserve la fin du livre car c’est un roman noir.