Morton Feldman, "For Bunita Marcus"
de Guillaume Belhomme

critiqué par JPGP, le 7 juin 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Guillaume Belhomme et le minimalisme de Morton Feldman
Guillaume Belhomme, écrivain et musicien, créateur des éditions Lenka lente, spécialiste de jazz et de pop music met en évidence ici la couleur (grise), l'essence et la quintessence de l'oeuvre de Feldman.

Celui-ci ne joue pas avec ce qui est pourtant la matière de la musique : à savoir le temps. Il l'oublie, l'égare afin d'inventer par la structure de ses compositions les impressions et sentiments bien différentes de ce qu'elle générait jusque là. Le temps redevient blanc et vierge et comme sans appui.

Jamais la musique n'a été autant "le plus abstrait des arts" (Schopenhauer) pour agir sur l'esprit et sur l'âme. Tout reste comme l'auteur le souligne en "suspens". Les répétitions remplacent lles progressions moins - comme chez Bach - pour consoler l'auditeur que pour interroger au plus profond la mémoire.

Les "dynamiques faibles" dont parle Belhomme sortent de tout effet d'effets, là où sont éliminées les idées de croissance, développement ou pulsion. Place est faite pour un autre monde par une autre écoute. Il s'agit de s'y perdre pour mieux se retrouver.

Jean-Paul Gavard-Perret