Quel avenir pour Cavalcanti ?
de Claude Minière

critiqué par JPGP, le 29 mai 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Claude Minière : vers le renouveau poétique
Ce recueil com­plet de la rhé­to­rique clas­sique sou­tient “que la fonc­tion de la rhé­to­rique est civique et pra­tique plu­tôt que lit­té­raire” mais, sans désa­vouer cette optique, Minière élar­git encore l’engagement de la poé­sie : “Caval­canti parle de vœu éthique, du choix de s’en tenir à une déter­mi­na­tion. Il a scellé un pacte : il ne parle que du drame de l’Amour. Ses souf­frances ren­dront réelle l’illumination imaginaire” écrit-il.

Dès lors, la “Dame” et l’amour pour objet per­mettent de culti­ver jeu et beauté pour recher­cher la per­fec­tion par ce qui sus­cite le drame et le désir, le tout par une poé­sie codée et amou­reuse qui sup­pose un “enga­ge­ment poli­tique métho­dique et une posi­tion intel­lec­tuelle là où habi­tuel­le­ment tout est affaire de sen­ti­ment. Dans cette pos­ture, le poète “signe” de facto un ser­ment intime : celui de se consa­crer à l’excellence du “nou­veau” en jouant avec les règles comme autant de mesures sues de la gram­maire.

Dès lors l’oeuvre du Flo­ren­tin (au même titre que celle de Dante) ne doit plus être clas­sée dans le passé mais vers le futur enchaîné chez lui “dans les tenons des mètres et des rimes”, là où tout touche à la connais­sance “par le strict main­tien de la mesure et à mesure”. Minière en appelle donc à une poé­tique bien dif­fé­rente de celles d’un siècle où “les arts se com­plaisent aux mixages, croi­se­ments, mixages, hybri­da­tions”.

Il s’agit pour un poète de s’en tenir à une conduite de vie où l’éthique comme l’esthétique prend un nou­veau sens plus pro­fond et intériorisé. La poé­sie peut deve­nir réelle et abso­lue loin des spé­cu­la­tions théo­riques comme des expres­sions abs­traites ou plus ou moins phi­lo­so­phiques.

jean-paul gavard-perret