Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés
de Jean Ristat, Gianni Burattoni (Dessin)

critiqué par JPGP, le 20 mai 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Jean Ristat entre le doute et le sacré
Ce livre prouve combien la poésie de Ristat demeure lyrique en son manteau d’huile et ses variations sur l’alexandrin. L’emphase y joue à fond conformément au style cher au poète. D’autant qu’il est question dans les deux premiers temps du livre de chanter des moments de désespérance (« Éloge funèbre de Jean-Louis Martinoty », « Le pays des ombres »). Mais le charme (désespérant) est inconstant, l’épanchement est souvent plus curieux que fragrant. Ristat cisaille, époussette, vit sur des acquis qu’il sait néanmoins faire reluire voire enrichir d’effets.

S’abritant sous des ombres tutélaires en relais de celles d’Aragon, l’œuvre reste une lige occulte où trône le génie de la métaphore traitée comme une porte menant vers certains éthers poétiques. Celui qui jadis avait pour but comme Rimbaud de « changer la vie » et qui estimait l’amour comme seule voie pour toucher au divin ou ce qui lui ressemble - fait preuve d’un désenchantement de plus en plus marqué. La mélancolie règne à la rencontre du soleil couchant : de sa lave jaillit encore des étincelles.

Les dessins de Gianni Burattoni accompagnent la sagesse du poète, sculptent de métaphores. Ristat semble avoir oublié que l’Imaginaire poétique a changé de cap. Mais pour lui renoncer à l’alexandrin comme à l’image serait renoncer à la fonction transformatrice du poème. Néoclassique à sa manière il reste néanmoins un romantique même si sa révolte s’est changée en nostalgie.

Jean-Paul Gavard-Perret