Microserfs
de Douglas Coupland

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 8 novembre 2004
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Cyber-roman
Les Microserfs sont cinq employés de Microsoft au cœur de la vague « multimedia » des années 90. Un groupe de jeunes programmeurs blasés, à la dérive, qui évoluent dans ce qu’ils qualifient de « non-vie », un univers de produits jetables, de coquilles vides et d’absence de valeurs.

Écrit sous la forme d’un journal, le roman présente les réflexions du narrateur sur ces collègues, l’environnement qui est le sien et la société moderne. Bien peu de choses viennent agrémenter le récit et on se demande rapidement s’il ne s’agit pas plutôt d’un essai déguisé en roman.

Il faut aussi noter que chaque ligne de ce roman comporte au moins un anglicisme, un terme technologique ou une référence à la culture populaire américaine. Étant travailleur en informatique, canadien et membre à part entière de la génération X, j’ai probablement eu un avantage distinctif pour décoder le langage de Coupland qui est assurément rébarbatif pour le grand public.

Cet aspect du livre très inventif au début, devient à longue, pénible, au point où cette surdose d’informations inutiles coupe tout lien émotif que l’on peut établir avec certains personnages.

En bref, ce qui aurait pu être une critique acerbe et originale des conséquences de la spirale technologique sur les humains n’est en fait qu’un portrait terne et inoffensif d’une réalité qui semble inévitable.
Dans les bits 4 étoiles

Ne rien posséder n'est absolument pas le signe d'une incompétence quelconque puisque comme chacun sait; Benjamin Francklin est mort dans la misère la plus totale et pourri de dettes !

Douglas Coupland brosse donc là le portrait de plusieurs inventeurs à la petite semaine et "successful" quant-à-eux, tous travaillants dans un cadre idyllique de la Silicon Valley; le tout dans une nouvelle de moindre intérêt qui pourra faire sourire. Et citant fréquemment de manière plus ou moins directe {à l'aide d'une langue de bois qui n'en a pas l'air} le fameux slogan Pour la génération X; rien n'est impossible: C'est à voir, surtout quand on connaît le cynisme, la volonté de faire du fric et les vols de copyright, de tous les rejetons de Steve Jobs en dépit de leur coolitude affichée et de leurs nombreuses abréviations, avec cette dose très amère de l'ambition de la plupart des informaticiens (et en effet le coté ludique, égalitaire, et honnête du net reste à voir.) Par contre le ton réaliste du narrateur, qui se gausse bien souvent des gains à court-terme, apporte un semblant de vérité à l'ensemble sinon un accent contre-addictif, et finalement pas si inutile pour tous les volontaires aux entretiens d'embauche de ces entreprises bobos faisants le futur, en tout cas celui qui compte. Vive le vélo ! Soyons fous.

Antihuman - Paris - 41 ans - 30 novembre 2011