Ogresse
de Aylin Manço

critiqué par Pucksimberg, le 16 avril 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un roman palpitant
Depuis que ses parents se sont séparés, Hippolyte, une jeune fille, voit se vie quelque peu bouleversée par le comportement de sa mère. En effet, celle-ci ne mange plus devant elle, descend souvent à la cave avec de sacrés couteaux et un jour elle se jette sur sa fille et la mord. De plus une vieille voisine semble avoir disparu … Tout ceci a de quoi créer un climat mystérieux et susciter de nombreuses interrogations dans l’esprit de la jeune fille, ainsi que dans celui des lecteurs. Heureusement, Hippolyte peut compter sur ses amis : Kouz qu’elle connaît depuis l’enfance, Benji, français fraichement arrivé en Belgique et Lola, cette jeune fille dont le trio se moque souvent …

J’ai lu le roman en édition J’ai lu sans qu’aucune indication ne signale que ce roman appartient surtout à la littérature « Young adult ». J’avoue que j’aurais aimé que cela soit indiqué dès le départ. Il n’empêche que j’ai dévoré ce roman et l’ai lu vraiment avec plaisir. Et puis tout bien réfléchi, certains passages pourraient s’adresser davantage à des adultes. L’écriture reste vive et simple, c’est en cela qu’elle rappelle cette littérature, celle qui s’associe au page-turner qui empêche le lecteur de poser le livre tant il est écrit de façon à ne pas pouvoir le lâcher. Ce roman aborde le monde de l’adolescence, le passage de l’enfance à celui de l’adolescence, le divorce et la vie partagée entre les deux parents, l’amitié et l’amour … Il est très juste dans sa façon de dépeindre cet univers et les réactions des jeunes personnages sont criantes de vérité.

Ce roman a des allures de « conte ravageur au charme délétère » selon Télérama. Je les rejoins. Ce roman n’est pas classique, aborde des sujets intimes de ces adolescents et un sujet tabou dans notre société occidentale. Je ne veux pas nommer vraiment certains éléments pour ne gâcher la lecture de futurs lecteurs. Je trouve même que l’écrivaine a fait preuve d’un certain courage en abordant certaines thématiques pour un public young adult, mais aussi pour un public adulte. Le lecteur a l’impression de lire un roman en adéquation avec la jeunesse actuelle. Parfois, l’on sent un décalage entre l’écrivain et le monde des adolescents, ce n’est pas du tout le cas ici.

La narration sait accrocher le lecteur. Il est difficile d’arrêter sa lecture. Les chapitres sont courts, les dialogues vifs et les personnages suffisamment intéressants pour que l’on ait envie de connaître la suite. Comme Aylin Manço a opté pour le point de vue interne, on en vient à douter sur ce qui nous est raconté. Hippolyte elle-même analyse-t-elle correctement ce qu’elle vit ? Ne surinterprète-t-elle pas certains épisodes ?

Ce roman emprunte au genre du conte, tout en flirtant avec l’univers de Tim Burton. Il propose un vrai plaisir de lecture en empruntant des sujets auxquels nous avons été peu confrontés en littérature.