La Baie des âmes
de Robert Stone

critiqué par Clarabel, le 3 novembre 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
On s'y perd un peu ...
Pas terrible, ce roman de Robert Stone. Moi, ma toute première impression était que "La baie des âmes" me semblait terriblement masculin. Le roman s'ouvre sur une scène de chasse où le personnage central, Michael Ahearn, part avec deux amis dans une forêt pour chasser le cerf. Passage dans un bouge pour se procurer du pur whiskey, ambiance locale et rustre, rencontre d'un être ensanglé et vociférant dans les bois... bref ce roman commence d'emblée à me décontenancer. Et puis, l'histoire paraît hésiter entre l'intrigue universitaire et le surréalisme. On se trouve dans une province américaine, où la couleur locale penche sensiblement vers la foi religieuse et non vers l'érudition digne de la Nouvelle-Angleterre. L'ambiance est glauque, on patauge dans la neige boueuse, on suit l'universitaire Michael Ahearn dans ses réflexions sur son enseignement, ses étudiants et l'atmosphère ambiante. Il est marié à Kristin, une épouse de plus en plus suspicieuse, jalouse et distante, père d'un petit garçon intelligent et sensible. Un jour cet homme va rencontrer Lara Purcell, dont la réputation de femme exotique, mariée à un français, ayant parcouru l'Afrique et venu en Amérique enseigner les sciences politiques, annonce un vent nouveau. Michael et Lara vont devenir amants, puis Lara doit partir sur l'île de Sainte-Trinité pour célébrer les rites funéraires de son frère et par la même occasion récupérer son âme perdue. Là, j'avoue que le sens de l'histoire a cessé de m'échapper. D'une province décalée et crasseuse de neige fondue, on bascule sur une île en proie aux soulèvements civils et révolutionnaires, aux trafics de drogue, aux soupçons d'espionnage, etc. A la page 192 (sur 292), j'ai capitulé. Complètement larguée. Ce roman possède très certainement un charme secret mais son histoire, trop embrouillée, envoie son lecteur dans les roses. On peine à décrocher du milieu sulfureux pour se retrouver vers des conflits politiques et autres rituels du vaudouisme. Et l'écriture brute de l'auteur n'accroche pas ma sensibilité féminine.