Les oiselles sauvages
de Pauline Gonthier

critiqué par Débézed, le 24 janvier 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
La lutte des femmes
L’auteure raconte alternativement deux histoires qui se déroulent à des périodes différentes : l’une commence en octobre 1970, l’autre en mars 2017. L’une est l’histoire de Madeleine qui arrive à Paris pour suivre ses études à la Sorbonne, l’autre celle de Mathilde, une journaliste qui tombe amoureuse d’une jeune femme. Ces deux histoires évoquent toutes les deux, à des périodes différentes, la lutte des femmes pour défendre leurs droits et leur condition. Madeleine débarque à Paris en pleine période post soixante-huitarde, à l’époque où les facultés étaient très politisées, elle ne connait personne, rencontre de Catherine une femme libérée et très engagée dans le féminisme. Mathilde est en couple avec Aurélien mais elle est séduite par le charme d’une jeune femme et y succombe.

Octobre 1970, Madeleine, garçon manqué d’une fratrie de cinq enfants, arrive à Paris pour suivre des études de littérature qu’elle abandonne dès la première année, elle préfère devenir sage-femme, métier dans lequel elle pense qu’elle sera plus utiles aux femmes. Son engagement dans la défense de la cause des femmes lui prend trop de temps pour qu’elle réussisse des études universitaires. Secrètement, elle tombe amoureuse de Jeanne une fille très volontaire virile et déterminée, elle ne lui avouera jamais cet amour qu’elle gardera secret toute sa vie. L’époque n’était pas encore à l’union homosexuelle, le combat des femmes s‘organisait surtout autour du droit à l’avortement et à la pilule contraceptive.

Mathilde, journaliste économique est en couple assez ouvert avec Aurélien, elle l’accompagne dans des manifestations culturelles dans les milieux de l’art moderne auquel elle ne comprend pas grand-chose. Pour meubler son ennui, un soir, elle sympathise avec Alix qui fait des extras en servant les toasts dans un vernissage. Les eux filles se rencontrent régulièrement et bientôt un amour naît entre elles. Mathilde quitte Aurélien et s’installe avec Alix mais celle-ci ne voulant pas renoncer à une maternité classique, le couple éclate.

L’histoire de ces deux filles homosexuelles, l’une avouée et l’autre non, c’est toute l’histoire des luttes féministe de la seconde partie du XX° siècle et du début du XXI° siècle, c’est l’histoire de la lutte des femmes pour la reconnaissance de leur statut, de leurs droits, de leur condition, du respect qui leur dû et de leur place dans la société. C’est l’histoire du mouvement féministe du MLF à #meetoo en passant par toutes les associations, tous les mouvement et toutes les organisations qui se sont constituées autour de cette lutte.

Ce roman n’est pas seulement un rapport historique, c’est aussi la mise en scène de toutes les diverses formes que cette lutte peut prendre et la démonstration que chaque femme, et par conséquent chaque homme, a une sexualité qui lui est propre et qu’il est bien difficile de déterminer par des lois ce qui est masculin et ce qui est féminin. La sensibilité de chacun devrait pouvoir s’exprimer dans la société sans rencontrer des contraintes légales, sociales, économiques, familiales et autres encore. Ce livre montre un combat qui peut paraître, à certains, un peu daté mais, hélas, il est encore en pleine actualité. Les médias nous le montrent trop souvent !