Nord-Michigan de Jim Harrison

Nord-Michigan de Jim Harrison
(Farmer)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 14 mars 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 642ème position).
Visites : 8 379  (depuis Novembre 2007)

Un excellent roman

Une ferme au Nord-Michigan. Des mois de neige et de froid avec une grande irritabilité des populations à la fin du long hiver.
Arrive le printemps, le réveil de la nature et les gens sont pris d'une douce langueur. Joseph est le fils d’une famille d’immigrants suédois récents. Le père, Carl, est mort d’une crise cardiaque et la mère se meurt lentement d’un cancer à l’estomac. Joseph est le seul à être resté à exploiter la ferme, qui ne vaut cependant pas grand chose. Il y garde sa mère, alors que ses sœurs ont épousé des hommes de la ville.
Sa soeur Arlice, jeune, avait pour meilleure amie une fille à demi indienne et d’une très grande beauté. Mais elle va épouser un ami de Joseph qui la laissera veuve très tôt. Joseph, des années plus tard, se dit que sa vie aurait été tout à fait différente s’il n'avait pas eu un accident grave à la jambe et qui l’handicape. Rosealee, la jeune et belle indienne l’aurait épousé lui au lieu de son ami. Il a beau l’avoir pour maîtresse maintenant, il ne se sent que le substitut de celui-ci.
Joseph chasse et pêche beaucoup et notamment avec le vieux médecin Evans, ami de son père et homme plein de sagesse. Mais voilà que cette année Joseph se met à se désintéresser de la chasse en général et de celle
à la bécasse et à la grouse en particulier. Il est moins attiré par la pêche aussi. Que se passe-t-il dans sa tête ?.
Sa vie est bouleversée par une gamine de seize ans qui s'est donnée à lui. Il aime toujours Rosealee, mais il n'arrive pas à lui faire l’amour avec la même intensité.
Un soir sa colère sort et il déclare à Rosealee : «Je pense qu’on devrait changer de vie avant qu’on soit trop vieux et qu'on meure, avant qu’il soit trop tard. J'en ai marre de te voir te comporter comme une veuve éternelle. Ca fait six ans. Et j’en ai marre de baiser une veuve dans le noir. »
Son autre regret, lancinant, est de ne jamais avoir quitté sa ferme, de ne jamais avoir vu le monde, ou simplement l’océan, qui est une de ses grandes passions. A quoi son ami le vieux médecin, lors d’une discussion poussée, lui dira qu’il s'est toujours servi de sa jambe comme d’une excuse pour ne rien faire de sa vie.
Accroché par deux femmes, Joseph ne sait plus où il en est! Mais ses proches sont tous formels : il est occupé à foutre sa vie en l’air !
À quoi il répond : « Mais j'ai beau le savoir, je me sens comme paralysé… Et je me suis demandé ce que j’avais fait de ces vingt années. J’ai vraiment eu l'impression d’être resté planqué là pendant tout ce temps. Mais comment se foutre un coup de pied au cul à soi-même ? » À quoi son copain médecin lui répond : «Ce qui s’est passé dans ma vie je me le demande encore. Et je ne suis pas le seul. Tout le monde se pose ce genre de question, même si personne n'en parle. »
Que fera Joseph ?… Comment va-t-il retrouver sa vie ?… Et trouve-t-on sa vie ?.
Un excellent roman, et qui nous interpelle. Quelle est notre liberté, quelle est notre marge de manœuvre à l'intérieur d'un certain schéma donné ?.
Et toujours la merveilleuse écriture de Jim Harrison, ses questions sur l'homme et la vie et une nature omniprésente. On doit souvent se battre contre elle, mais elle est également un des meilleurs calmants pour celui qui se sent assailli par les problèmes.

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Indomptable nature !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 10 octobre 2011

Difficile de formuler une critique derrière de si brillants intervenants...

Joseph Lundgren est à la croisée des chemins. Fils d'un " suédois borné " venu tenter sa chance en Amérique pour échapper à la conscription. Une famille de pêcheurs qui ne s'habitue pas à la vie citadine de Chicago et rejoint le nord-Michigan pour la beauté des paysages .
C'est dans la ferme familiale que Joseph grandit et prend racine ( alors que ses soeurs sont toutes parties en ville ) . Joseph , un " pauvre vieux con de fermier-professeur " de 43 ans qui se laisse porter par les évènements et ne prend pas sa vie en main .
Il aime Rosealee depuis 30 ans mais tarde à l'épouser.Il succombe aux charmes de Catherine ( l'une de ses étudiantes de 17 ans ) comme un camé qui ne parvient pas à décrocher .
Il rêve d'une vie passée à voir l'océan , lire , boire et pêcher !

Encore une fois , Jim Harrison parvient magnifiquement à peindre l'Humain et la Nature.
Joseph, avec ses qualités et ses faiblesses ..... d'homme.
Le Nord-Michigan et la nature transcendée. Un livre de sciences naturelles où faune et flore sont omniprésentes .
On retrouve les ingrédients qui font la force des romans de Jim Harrison .
Le vieux Dr Evans incarne la VIE et l'importance du moment présent.
Sans oublier ses " Maîtres " ; Keats , Byron , Walt Whitman et Hemingway ( entre autres )

Encore une pépite à ne pas rater !

Pays profond

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 9 mars 2009

On connait l’intérêt de Jim Harrison pour la nature, le Michigan et les gens simples ou, disons, lambdas, englués dans les problèmes du quotidien.
Le Nord-Michigan n’est pas à proprement parler une région aisée, plutôt rurale et Joseph a un statut un peu bancal ; mi-instituteur mi-fermier. Le genre à ne pas savoir trop choisir. Qu’importe, on va choisir pour lui puisque son emploi d’instituteur va lui être enlevé. Il deviendra donc fermier.
Bancal, il l’est aussi au sens propre puisqu’handicapé par un accident, il marche avec une canne.
Et bancale aussi sa vie sentimentale. Bancale et compliquée :
il y a Rosealee, son amour de jeunesse, de toujours, une beauté sang mêlée, mais qui a fait le choix, plus jeune, d’épouser Orin, l’ami de Joseph. Mort jeune, celui-ci a laissé à Rosealee le statut de jeune veuve et les relations entre celle-ci et Jo, maîtresse et amant ne semblent pas des plus satisfaisantes, au moins à Jo :

« « Regarde-moi. Nous avons quarante-trois ans et nous n’avons jamais baisé en plein jour. Sans parler de l’océan, qu’on n’a jamais vu. Nous avons été à Washington une fois, mais jamais à New York. Nous n’avons jamais baisé dehors, sauf la fois où nous avons bien failli le faire, il y a trente ans. Je pense qu’on devrait changer de vie avant qu’on soit trop vieux et qu’on meure, avant qu’il soit trop tard. Tu n’as pas envie que ça change, toi ? J’en ai marre de te voir te comporter comme une veuve éternelle. Ca fait six ans. Et j’en ai marre de baiser une veuve dans le noir. Je t’aime depuis que j’ai treize ans. » Joseph avala son whisky en trois gorgées et essaya de se lever, mais il se sentit très faible. « Je suis désolée », sanglota Rosealee. «  Je suis tellement désolée de t’avoir déçue. » »

et puis il y a Catherine, dix-sept ans, une de ses élèves avec qui il vient d’entamer une liaison, aussi torride pour lui que désespérée et sans avenir.

Il y a Catherine et il y a Rosealee. Il y a la jeunesse, la fougue et la femme aimée de tout temps. Et il y a Joseph qui a bien du mal à prendre les décisions qui s’imposent, dans tous les domaines et notamment celui-là.
Et il y a la pêche, la chasse (on est chez Jim Harrison !), les amis, les relations, … Jim Harrison nous relate tout ceci d’une manière simple mais qui ménage la complexité de la vie, de nos vies comme de celle de Jo.
« Nord-Michigan » est imprégné d’humanité, d’un regard bienveillant sur nos erreurs d’homme et nos indécisions, le regard bienveillant de Jim Harrison. Et comme il raconte bien, on se prend d’affection aussi pour Jo, pour Rosealee, pour Catherine, …

Toujours de l'humain....

8 étoiles

Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 63 ans) - 30 janvier 2008

Faire une critique après celle de Jules est assez présomptueux, faire une critique éclair sur Jim Harrison c'est frustrant, mais de pas en faire serait un crime......
Encore une fois Jim Harrison nous dresse des portraits d'hommes et de femmes emberlificotés dans les fils de leurs vies... avec des mots simples mais qui portent tout. Il nous montre une époque, un pays, une région, des paysages et nous voilà entrainé parmi ces personnages qui nous dévoilent l'être humain tel qu'il est, avec ses faiblesses, ses forces, ses lâchetés....
Pas aussi fort que Dalva ce livre nous emporte pourtant loin de nous, si loin qu'au détour d'une phrase nous voilà face à nous même...
Jim Harrison est un magnifique être humain qui n'hésite pas à nous exposer son âme et par là expose la nôtre.....

Nord Michigan

9 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans) - 28 mars 2005

Une somptueuse entrée en matière avec trois pages magnifiques que suit un récit superbe où la nature et les hommes se respectent. Une très belle histoire d'amour comme seul Harrison aujourd'hui sait les conter, en digne successeur (?) d'Hemingway.
Si vous avez aimé son dernier livre, de Marquette à Vera Cruz", vous adorerez Nord-Michigan.

Merci Jules

10 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 48 ans) - 1 février 2002

C'est le parfum du passé, d'une vie à la campagne, nostalgique et poétique, qui nous envahit dès les premières pages. Un véritable voyage dans le temps et aussi dans l'espace vers un Michigan à la nature généreuse.
Ce sont les relations humaines, père / fils, homme / femme, le souvenir des êtres chers disparus. Ce sont des réflexions qui nous traversent sur le libre choix de sa vie, sur la nécessité de choisir et de ne pas subir « lâchement » les évènements pour ne pas avoir de regrets plus tard.
C’est la facilité troublante avec laquelle on se laisse ronger par les chagrins du passé en oubliant de profiter du présent. Ce sont les excuses que l'on se donne.
C'est une histoire simple mais racontée d'une façon formidable qui nous emporte.
Après avoir lu Léviathan de Paul Auster également sur les conseils de Jules (et même si on ne peut évidemment pas faire de comparaison entre 2 auteurs sur 2 livres seulement …) , je trouve le style d' Harrison plus léger, plus fluide. Il passe avec une facilité déconcertante de la première à la troisième personne et du passé au présent lors de son récit, sans jamais déconcerter le lecteur.
Bref, une très belle histoire et une vraie écriture personnelle.

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