Du coin de l'oeil: Ecrits sur la photographie
de Nicolas Bouvier

critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Nicolas Bouvier : racines
Avec Nicolas Bouvier, la photographie trouve une valeur de message intrinsèque en raison de sa charge symbolique, son poids référentiel, sa singularité existentielle, ses valeurs de composition ou de texture. Elle crée le génie de divers lieux et sollicite autrement la rencontre avec les fantômes des civilisations. Et si besoin était, ces textes prouvent que l'auteur et photographe n'a jamais été un touriste dans sa traversée des œuvres et des mondes.

Idéalement, il aimait photographier en faisant le vide et en état de déplacement pour se laisser surprendre par ce qui arrive. En ce sens il fut puisatier ou chasseur. Il n'attrapait pas pour autant les poissons ou les oiseaux et ne crucifia pas les mouches. Mais il sut "ne pas civiliser le regard". Et ses textes nous le rappellent.

Tout se passa chez lui en suivant les saisons qu'indiquait "La Voie du Ciel", ce traité de médecine chinoise traditionnelle, où le Printemps est la poussée de la vie, l'été sa croissance, l'automne la récolte de l'existence et l'hiver sa thésaurisation. Mais ces étapes n'étaient pas statiques dans sa recherche du temps perdu et à retrouver. Certes "les anciens vivaient en suivant les saisons" dit-il. Et lui aussi se réclamait d'eux mais sut aussi s'en dégager. Il y eut chez lui un côté photo-journaliste mais avant tout un travail d'auteur. Ce recueil d'articles précieux le prouve.

Jean-Paul Gavard-Perret