Trous gris
de Michel Vachey

critiqué par JPGP, le 21 décembre 2022
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Michel Vachey : fabrique des images
Iconoclaste, depuis les débuts des années 1970, Michel Vachey n’a cessé de faire bouger les lignes dans l’esprit de Burroughs et de l’école de San Francisco. Trouvant néanmoins une voie originale ce travail (complété par celui de poète et d’essayiste) est resté confidentiel. Sans doute par ce que ce travail était trop radical, inassimilable. Entre autres dans la pratique du caviardage et de la « cuttérisation ». Son influence demeure néanmoins grande chez les créateurs plus ou moins undergrounds.

Son livre « Trous gris » est constitué de deux suites inédites de dessins. S’y mêlent collages, tampons, peinture, perforation, etc.. Il date de 1978 et les éditions Adverse les présentent enfin. Une forme avénementielle de la sérialité est mise en scène autour de motifs suspendus en équilibre sur le fil ténu séparant l’abstraction de la figuration. En offrant une face à la fois radiante et retirée, l’imae prend corps de manière aérienne, conjonctive loin de tout souci représentation. L’acrobatie tient d’une débandade (ou d’une contorsion) programmée de piqûres.

Michel Vachey crée ses propres lois logiques en parallèle à celles qu’on a coutume d’appréhender ou de respecter. D’autres versants sont proposés dans ce qui devient grille et matrice et béance contrariée. Bref l’image bouge. L’art n’a plus comme but une vision subalterne du désir mais des sections spéciales l’imaginaire dans ce qui tient du fractionnement plus que de l’alignement par la force d’éclipses et où tout est neuf. Existe une ouverture loin de trémolos ou d’images de songe.

Jean-Paul Gavard-Perret