Bonjour paresse : De l'art et la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise
de Corinne Maier

critiqué par THYSBE, le 18 octobre 2004
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Le principe de Corinne
Après «Le principe de Peter » : «chaque employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence», Adams Scott a appliqué cette démonstration dans «le principe de Dilbert » : «Les employés les plus incompétents sont systématiquement promus aux postes où ils se révèlent le moins dangereux : l'encadrement».
Corinne Maier nous fait une autre mise en pratique : «De l’art et de la nécessité d’en faire le moins possible en entreprise» dans son best seller «bonjour paresse». Son succès n’est donc pas dû à une révélation qui est démontré depuis les années 70, date de parution du principe de Peter. Mais de son ton humoristique et décapant et aussi, il ne faut pas l’oublier, de la susceptibilité du PDG de cette entreprise qui l’emploie à mi-temps. D’ailleurs, c’est à se demander si c’est vraiment une hyperesthésie morale de sa hiérarchie ou un argument supplémentaire pour dégrader l’image de ces agents, dont le gouvernement ne sait comment faire pour casser leur fameux statut. Les critiques vont bon train sur le web et les divers quotidiens pour dénigrer ces fainéants qu’il faut vite remettre au travail. Les politiques s’en sont même emparés comme phénomène social pour argumenter sur les 35 heures. Vous avez certainement du vous rendre compte que cette entreprise si elle continue ne sera plus que du vent, du reste elle a déjà commencé son investissement…
Les «réunionites» si bien décrites, bercées par des logomachies stériles, ne sont pas l’apanage de cette seule entreprise. Elles existent même dans les PME. Ce livre donne à réfléchir sur le management et ces conséquences. Une organisation de travail peut créer une sélection naturelle si vous ne vous y pliez pas. Vous deviendrez alors le cactus décrit en page 17 et 18 de «Bonjour paresse» ou le complexe de Diogène peint en page 153 du «Principe de Peter ».
Un regard désabusé sur les compétences humaines, les intitulés de postes et les fonctions inutiles. Un recueil de conseil pour subsister sans se faire mal. Mais, encore faut-il y arriver…
Banal et creux 2 étoiles

Livre court, et pourtant trop long, recueil d'évidences et de banalités, qui ne doit paradoxalement son succès qu'à ce qu'il dénonce : sans l'incompétence d'une hiérarchie qui n'a pas su accepter la critique, l'ouvrage serait sans doute resté inconnu.
Mais aucune amorce de solution. Peut-être d'ailleurs n'y en a-t-il pas. Et surtout aucune explication à cet état de fait. Le salarié exploité est tout de même :
- consommateur, en achetant "Made in China" ce qui permettra d'abuser d'un travailleur asiatique, et mettra au chômage un français,
- gastronome (!) quand il ira au fast food,
- informé (!!) quand il s'abrutira devant une TV dont il dénonce les débilités, mais qu'il regarde trois heures par jour,
- électeur quand il choisira un modèle de société à l'ultra libéralisme sans limites.
Qui est responsable ? Le "manager crétin" ne fait qu'exploiter un système que le salarié modeste lui sert sur un plateau. Et ça, C. Maier n'en parle pas.

Bernard2 - DAX - 74 ans - 27 octobre 2004