Les Vitamines du bonheur
de Raymond Carver

critiqué par Grass, le 11 octobre 2004
(montréal - 46 ans)


La note:  étoiles
une cathédrale, les yeux fermés
Il s'agit là du troisième recueil de Carver que je lis et on dirait que ça ne fait que s'améliorer. J'avais lu auparavant plusieurs critiques qui plaçaient les Vitamines comme étant le summum de Carver, et pour cause. Rarement aura-t-on vu autant d'humanité en si peu de mots et d'actions. Des nouvelles psychologiques, mais sans analyses. Des faits, des moments, des répliques, et le lecteur repose le livre et respire un coup, comme si tout cela venait de lui arriver.

Les textes de ce recueil sont encore plus sombres que dans "Parlez-moi d'amour". Alcoolisme, divorce, déchéance, je peux comprendre que ça fait peur à froid, comme ça. Mais on ne peut tout simplement rester insensible à la lucidité que porte l'auteur à ses histoires, à la façon claire et directe qu'il emprunte pour nous en faire part.

"Plumes", "C'est pas grand chose mais ça fait du bien", "Les vitamines du bonheur", "Là d'où je t'appelle" et "Cathédrale", autant de textes qui habitent, qui prennent littéralement vie dans vos mains et que vous laisserez aller à regret, c'est promis.
Carences 5 étoiles

Les nouvelles qui composent ce recueil nous immergent dans l'univers des gens d'en bas, ceux qui luttent désespérément contre l'adversité sous toutes ses formes. Les personnages naviguent dans un océan d'illusions sans lendemain, le bonheur est sous perfusion et rien ne semble indiquer qu'un prompt rétablissement soit possible.

D'une écriture simple, qui ne s'encombre pas de figure de style alambiqué, l'auteur dépeint une société de laissé pour compte avec réalisme et une pointe d'humour. Ici il n'y a pas de rêve américain, juste des existences englouties dans les mornes banalités du quotidien.

Que ces nouvelles soient absurdes, drôles ou dramatiques, elles touchent le lecteur malgré tout, car elles décrivent cet immense désarroi qui s'empare des êtres en mal d'accomplissement.

Ceci dit, et même si certaines des nouvelles m'ont beaucoup plu, je n'ai pas été subjugué par la plume de l'auteur.

Heyrike - Eure - 56 ans - 4 février 2011


petites doses sans excès 8 étoiles

Raymond Carver : les vitamines du bonheur.
ISBN : 978225350124

Carver est une énigme à lui tout seul, l'insignifiant dernier petit détail dissimulé dans le paysage littéraire, dont personne n'est capable de desceller dans le jeu des sept erreurs.

Carver est le boulanger anonyme qui vous raconte des histoires de tous les jours le temps d'acheter son pain de s'informer sur le voisinage. Le genre d'artisan que l'on est content de retrouver après la fermeture de sa boutique durant ses congés annuels.
Si l'alcool est monnaie courante au fil de ses nouvelles, il en décline les méfaits vécus par les victimes et leur entourage.
Carver transmet sa bonhomie, sincère, sans effet de manche ou de discours alambiqués.

Du journalisme, il aurait par ses piges, sûrement ressenti l'étroitesse des colonnes destinées à transmettre ses témoignages d'une société en pleine mutation, dont les acteurs peinent à suivre la progression exponentielle.

Carver est présent autour de nous, car il circule sur le même trottoir, emprunte lui aussi le tramway, s'approvisionne dans les mêmes boutiques.

Qui n'a pas son petit Carver chez soi ? Vous. Alors courez-y vite, vous en offrir un dans la plus proche des librairies.

Bertrand-môgendre - ici et là - 68 ans - 28 octobre 2008


Manque de vitamines 4 étoiles

On parle beaucoup de Raymond Carver comme d’un nouvelliste de premier plan, on me l’a beaucoup vanté, et de Les Vitamines du bonheur comme de sa collection la plus réussie. C’est ma première expérience avec Carver et très probablement la dernière. Ce n’est pas mon genre. La plupart du temps, je me suis ennuyée. Il y a peut-être juste « C'est pas grand-chose, mais ça fait du bien » que j’ai trouvé potable, même si je n’ai pas cru à la fin avec le vieux. Ses nouvelles se lisent facilement, mais les récits ne réussissent pas m’intéresser. En général, je ne comprends les motivations des personnages, leurs gestes. Des fois c’est carrément pas clair, mais pas de façon à rendre le récit plus mystérieux ou plus intéressant. Je n’ai pas compris pourquoi le personnage ne veut plus voir la femme et le garçon de son seul ami dans « Plumes ». Leur fils est moche et puis après? Où est le drame? Je n’ai pas compris la fin de « Conservation », je suppose que c’est laissé à l’interprétation du lecteur, j’ai essayé de faire travailler mon imagination, mais je suis arrivée à rien et l’histoire est trop ennuyante. Il y a des histoires que j’ai trouvées moyennes comme « Les vitamines du bonheur », « Fièvre » et « Cathédrale », mais rien qui m’a marqué. Pour ce qui est des autres nouvelles, je les ai trouvé endormantes, pas très vitaminées. J’ai été déçue.

Nance - - - ans - 15 février 2008


Les vitamines de l’ennui 4 étoiles

"L`impalpable émotion qui suinte de la médiocrité" ou encore "le désespoir tranquille" évoqués dans la préface de ce recueil de nouvelle ne m'ont à mon grand regret pas fait vibrer. La nouvelle qui donne son nom à l'ouvrage est plus enlevée que la moyenne mais reste une mince consolation. Une preuve de plus que tous les goûts sont dans la nature qui nous trouvera par ailleurs d'accord sur d'autres terrains.

Ena - Le Gosier - 61 ans - 22 décembre 2004