Le placard à balais
de Jacqueline Harpman

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 11 octobre 2004
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Gentillet
Une femme revient de Paris après y avoir effectué la promotion de son dernier livre. Le train qui l’emmène comporte un wagon restaurant digne des années 20. Etonnée, elle s’y installe et laisse son inventivité partir dans tous les sens. La voilà tout à coup jeune mariée qui tombe radicalement amoureuse, mais pas de son mari. Comment faire ? Se débarrasser du mari ?

Cette nouvelle se déroule donc totalement dans l’imagination de cette femme écrivain. Cela permet de passer sous silence certains détails puisque l’histoire n’a donc pas besoin d’être cohérente dans ses moindres aspects. Cela permet également d’imaginer plusieurs scénarios. Et finalement, cela semble assez facile de faire une nouvelle si courte, sans aucune contrainte logique… Mais pourquoi alors ne pas avoir exploité toutes les possibilités narratives ainsi offertes ? Pourquoi être restée dans le « convenu » ? Il faut avoir le courage de ses audaces, non ?
Coquine Jacqueline? 4 étoiles

La dédicace m'a fait sourire: "A Jacqueline Barthe, le professeur de français de mes quatorze ans, qui me rendit la rédaction qu'elle venait de corriger en disant, dédaigneuse: "A ce train-là, Mlle Harpman, vous écrirez des romans-feuilletons" et décida ainsi de mon destin".
La petite pointe d'acidité toujours bienvenue de Jacqueline Harpman, de quoi se plonger avec envie dans ce très court recueil ( 50 pages).

Qu'en ressort-il? Que Harpman manie bien l'évocation de la sensualité et du fantasme, qu'elle décrit avec gourmandise ses rêves et ses pensées secrètes, que ses héroïnes reflètent, comme elle le dit, les vies cachées qu'elle aurait aimé avoir. Et c'est tout. Courte nouvelle, sans grande originalité finalement, qui ressemble à s'y méprendre à une nouvelle académique et politiquement correcte du 19e siècle.
C'est dommage car je sais que Jacqueline Harpman peut beaucoup mieux faire et nous faire rêver, se noyer avec délice dans l'âme de ses protagonistes, nous faire rire et pleurer. Rien de tout cela ici, à peine un frémissement. L'écriture est toujours belle et élégante, c'est le fond qui ici m'a semblé faire défaut, ne jamais s'emballer ni s'élever.

Sahkti - Genève - 50 ans - 29 mars 2005