Minutes de la peur de Aleš Debeljak

Minutes de la peur de Aleš Debeljak

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Jeanne Vincentelli, le 9 octobre 2004 (Inscrite le 9 octobre 2004, 53 ans)
La note : 10 étoiles
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 3 955  (depuis Novembre 2007)

Sur les berges des mots

Rendre compte d’un recueil de poèmes est un exercice difficile et sans doute vain. Tenter de cerner ce qui se dit dans les poèmes du poète slovène Aleš Debeljak l’est encore davantage. Et pourtant ? Le moyen d’y échapper ?

Comment dire mieux que le poète ce qui se glisse dans les interstices du temps ? Comment recueillir, comment enregistrer ce « presque rien » qui a un brin à voir avec la peur ? Dans quelles « minutes » de greffe ? Et quelle peur ? Une peur quasi indéfinissable qui tient du tremblement léger entre deux indices à peine décelables. Une peur qui tient du vacillement entre rêve et réalité. L’écriture de Debeljak, dans les poèmes en prose qui composent ce recueil, est une écriture de l’entre-deux. Un entre-deux en filigrane qui ne se peut débusquer qu’au détour d’une image, dans la chute inattendue du poème, dans l’étrangeté d’une question. Qui ne se mesure que dans l’écart. Un écart minuscule, à peine perceptible. Tout à l’entour, le lecteur se laisse conduire jusqu’à la ligne d’horizon d’un paysage de steppes et de toundras. Qui se dérobe à lui, inaccessible. Jusqu’aux marges d’un passé ou d’un présent tout proche. Dont le poète peut, seul, dire le souvenir. Ou encore aborder doucement jusqu’à la beauté à peine dévoilée d’un corps de femme endormi. Beauté indécise dont il accueille l’indicible légèreté. Il se peut aussi qu’il plonge dans l’univers sans retour du noyé. Ou celui incompréhensible de la rivière dont il partage « le même battement de cœur ».

L’écriture de Debeljak est une écriture « de la marge » et « à la marge ». Tout n’y est qu’ « à peine visible ». Les flaques d’eau elles-mêmes ne jouent pas leur rôle de miroir. Les larmes sont impuissantes à dire l’immobilité d’une présence. Et les mots se dérobent à traduire la souffrance de ce qui a été, de ce qui a vécu. C’est à cette peur-là que Debeljak donne la traque. Dont il s’entête à débusquer « les théories ». Et le monde qu’il habite avec nostalgie mais aussi avec douceur est l’envers du décor. L’essentiel se passe dans l’univers ouaté de « l’autre côté du miroir ». Un observatoire privilégié qui atténue la rumeur du monde. Sans en émousser l’acuité ni en trahir la fine rugosité.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Minutes de la peur [Texte imprimé], poèmes Aleš Debeljak trad. du slovène par Andrée Lück-Gaye préf. de Yvan Mécif
    de Debeljak, Aleš Lück-Gaye, Andrée (Traducteur)
    Domens / Littérature (Pézenas)
    ISBN : 9782910457662 ; EUR 10,67 ; 01/01/2002 ; 77 p. p. ; Reliure inconnue
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Minutes de la peur

  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  L’effleurement de l’ange 4 Jeanne Vincentelli 24 février 2005 @ 15:57

Autres discussion autour de Minutes de la peur »