Gainsbourg
de Gilles Verlant

critiqué par Pétoman, le 12 juin 2001
(Tournai - 48 ans)


La note:  étoiles
Une brique pour 18 cd et un décès
Gilles Verlant se prétend être le biographe de Gainsbourg, et ce, parce qu'il a eu l'occasion de l'interviewer.
Pourtant, à la lecture de ce livre, on se demande si réellement, il a fallu rencontrer l'auteur de cette brique. En effet, il y a beaucoup de caricatures et de stéréotypes sur Gainsbarre dans ce livre.
Ceux qui n'aiment pas Gainsbourg l'aimeront sans doute encore moins après lecture de ce livre. Un exemple, aprés les concerts de l'homme à tête de choux en 1985, Verlant nous dit que la plupart des critiques étaient élogieuses ( il le dit sur deux lignes ) et pendant une demi-page, il publie une critique qui descend en flèche ce concert.
Alors sous prétexte de ne pas être hagyographique, Verlant nous montre tous les mauvais côtés du grand Serge... tout en disant qu'il l'admire ! allez comprendre.
Verlant n'est assurément ni un biographe ni un musicologue, mais un mauvais cocktail qui ne respecte pas les proportions. Ce qui donne un panachée indigeste.
Alors lecteurs, si vous ne connaissez rien à Gainsbourg et que vous voulez l'aimer, n'achetez pas ce livre !!!!
Il manque cruellement aujourd'hui 8 étoiles

Il fallait bien une biographie monumentale pour cet auteur monumental. J'ai l'édition de poche qui avoisine les mille pages... Mais il fallait bien ça tant la vie de Gainsbourg est remplie de péripéties.

Verlant, à travers des interviews de ses proches (outre Birkin, Charlotte, il a retrouvé d'anciens copains de classe de Serge) retrace de a à z toute la vie de l'homme à tête de chou. Son enfance durant l'Occupation, lui, le fils d'immigrés juifs russes, ses débuts comme pianiste dans des cabarets, sa longue période d'auteur-compositeur pour Gréco, France Gall ou Régine puis la gloire et le début de la légende.

Les années 70 sont marquées par le couple ultra-médiatisé qu'il forme avec Jane Birkin. A leur séparation, dans les années 80, c'est la descente aux enfers. Gainsbourg devient Gainsbarre et, plutôt que ses chansons, on ne retiendra que sa provoc' dans certaines apparitions TV qui font la gloire des bêtisiers de fin d'année. Eh ouais. C'était l'époque où avec Coluche, Le Luron, Balavoine, il pouvait se passer n'importe quoi, n'importe quand sur les plateaux.

Verlant admire Gainsbourg mais n'hésitera pas à souligner quand il dit ou fait n'importe quoi vers la fin de sa carrière. De mon côté, je n'avais pas conscience qu'il pouvait avoir une œuvre aussi prolifique. Outre la musique, il aura peint à ses débuts (même s'il n'a quasiment rien gardé), écrit un livre, réalisé quantité de pubs (Gini, Palmolive, Total) et de clips, réalisé quatre films, joué dans des péplums dans les années 60. "Je composerai jusqu'à la décomposition". Je crois qu'il a dit ça sur Canal + à Philippe Gildas et ça correspondait bien au personnage.

Génial pour les uns, dégueulasse pour les autres. Ce que je retiendrai de Gainsbourg, c'est qu'il se sera parfaitement adapté aux époques qu'il a traversées. De France Gall et Bardot dans les années 60 jusqu'à Vanessa Paradis en 1990 avec Variations sur le même t'aime. Il savait s'effacer devant ses interprètes tout en souffrant de ne pas être assez aimé. D'où le personnage de Gainsbarre pour se façonner une carapace. Celui qui résume encore le mieux la situation, c'est Charles Trenet. "Gainsbarre a tué Gainsbourg pour se venger de l'avoir créé". Faux provocateur et vrai sensible. Il se sera trop enfermé dans un personnage qui n'était pas lui afin de continuer à exister, à vendre des disques tout bonnement (car il était lucide sur le système dans lequel il évoluait) et ça l'aura bouffé de l'intérieur.

Incertitudes - - 39 ans - 17 avril 2022


Ecce homo 9 étoiles

Jusqu’à ce jour, Gilles Verlant demeure l’une des références les plus considérées et estimées pour saisir l’ensemble de l’œuvre de Gainsbourg. Réputé gainsbourologue, Gilles Verlant a déjà signé un certain nombre de livres sur Serge Gainsbourg, dont cette exceptionnelle biographie de 762 pages, publiée en 2000. L’étendue de ses recherches n’a rien de banal. Au contraire, son ouvrage est la somme gigantesque de plus de trois cents témoins interrogés, de milliers d’articles, de documents et d’archives consultés ainsi qu’une dizaine d’heures d’entretien avec Gainsbourg, décédé le 2 mars 1991, victime d’une crise cardiaque.

Contrairement au livre manqué de Ducray, chez Librio, qui tombe dans les pièges des généralités creuses, des jugements gratuits et des clichés, Verlant, minutieux et passionné, mais sans être aveuglé par son sujet, offre un portrait complet et nuancé de Gainsbourg : De l’itinéraire de la famille Ginzburg, juifs russes fuyant la révolution d’Octobre, jusqu’en France; de l’étoile jaune et de l’exil en province provoqué par les percussions nazies en 1944; de son passage à l’Académie Montmartre pour apprendre l’art pictural, seul art majeur pour ce jeune artiste romantique et dandy; de sa timidité; de l’influence du jazz; de l’inspiration pour la musique devant une interprétation glaciale de Boris Vian; de son passage au Milord l'Arsouille; de ses débuts en chanson; de son sens pour les provocations; de ses influences culturelles; de son esthétisme; de Levizky; de Bardot; de Birkin; de Bambou et de ses films et de ses albums; de sa générosité et de sa gentillesse; de ses pulsions quelque peu suicidaires et de son côté sauvage et secret; bref, de ses paradoxes.

Abondante et inépuisable, cette biographie décisive de l’Homme à tête de chou expose de nombreux témoignages qui élargissent notre perspective et qui éclaircissent, à chaque fois, le contexte. Lire Gainsbourg de Gilles Verlant, c’est découvrir véritablement les profondeurs et les subtilités de cet artiste majeur de la seconde moitié du 20e siècle que trop de personnes résument à un vulgaire cynique chantant la misogynie. Une biographie qui, citant Bossuet, va de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit, de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit...

En conclusion, voici un extrait d’un entretien de Jane Birkin à Denise Glaser, sur la personnalité de Gainsbourg qu’elle compare à celle d’un chien :

Je suis assez contente que les autres pensent qu'il est cynique, comme ça j'ai le côté privé pour moi. J'ai un chien qui mord tout le monde, sauf moi. Ça c'est agréable, j'aime pas les chiens qui lèchent la main de n'importe qui. J'aime que les autres disent : "vous avez un chien affreux!" et puis il vient vers moi et il est tout doux. Voilà, c'est unique.

Unique, oui...

DomPerro - - - ans - 18 juillet 2006


Tatata 4 étoiles

Ne peut-on admirer quelqu'un tout en reconnaissant que c'est un sale con ? Pour ce que j'en sais, humainement, Gainsbourg était assez inssuportable. Pourtant, moi aussi je l'admire.

Bouga - Belsunce - 40 ans - 20 février 2002