Laisser des traces
de Collectif

critiqué par Débézed, le 22 septembre 2022
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Clap de fin
Louis Dubost, poète vendéen originaire de Bourgogne, m’a adressé ce numéro spécial de la revue de poésie Mot à Maux créée par Daniel Brochard, un autre poète vendéen, qui s’est accroché à cette publication pour trouver l’équilibre qu’une maladie psychiatrique lui contestait. Aujourd’hui, Daniel cesse la publication de cette revue et pour ce dernier numéro, il a demandé à Louis Dubost de lui fournir une liste de poètes de sa connaissance qu’il a contacté pour leur demander une contribution à ce dernier numéro. Ils sont plus de trente à avoir répondu à cette invitation. Il leur avait aussi demandé leur avis sur « les traces » laissées par Le Dé bleu une maison d’édition de poésie animée par Louis Dubost qui a édité de nombreux recueils entre 1974 et 2009.

Parmi les auteurs qui ont fourni une contribution à ce dernier numéro, j’ai remarqué quelques poètes que j’ai déjà lus : Albane Gellé, Luce Guilbaud, Thierry Radière dont j’ai commenté une vingtaine de livres au moins, et, bien sûr, Louis Dubost lui-même qui est un véritable ami virtuel dont j’ai aussi commenté plusieurs recueils. Tous les contributeurs, ou presque, ont un rapport quelconque avec la Vendée, ils y sont nés, ils y résident ou ils y ont une quelconque attache.

Ce numéro spécial contient donc près d’une cinquantaine de poèmes qui évoquent les moment de la vie, le monde tel qu’il est ou tel qu’il devrait être et bien d‘autres sujets encore. On y rencontre divers émotions, sentiments et états d’âmes qui peuvent aller du cri de désespoir de Souad Benani Schweizer devant le flot de migrants cherchant vainement un avenir possible dans un ailleurs moins violent : « L’homme n’est plus, notre humanité a disparu ! » à la douceur d’autres poèmes comme celui-ci de Denis Pelsy « Si peu de toi dans un grain de lumière ! / Et pourtant ta trace est reconnaissable, / luisante comme une étoile / qui aurait parcouru un ciel de jais, / entre alpha et oméga ».

A l’initiative de Daniel Brochard, ce numéro est aussi l’opportunité de rendre hommage à la maison d‘édition Le Dé bleu fondée par Louis Dubost en 1974. Alain Perrocheau évoque la notion de trace laissée sur la feuille mais peut-être aussi dans les esprits, dans la littérature régionale et ailleurs encore : « A chaque pas du crayon / Qui fourmille / Sur la page lisse / Et s’ingénie faussement / A laisser trace féconde. / … ». Plusieurs auteurs ont déposé dans les pages de cette revue leur sentiment sur cette maison : Gabriel Arnaud, Luce Guilbaud (à laquelle Louis Dubost rend aussi un hommage), Nathalie B. Plon et Patricia Cottron-Daubingé. Cet ultime numéro comporte aussi deux entretiens de Daniel Brochard avec Hervé Martin et Albane Gellé.

Ce dernier numéro est un véritable morceau d’anthologie en l’honneur de la poésie, de tous ceux qui en écrivent et de tous ceux qui en éditent comme Le Dé bleu, Salvart, Mot à Maux qui ne disparait pas complètement puisqu’elle se transporte sur la Toile, et tous les autres éditeurs et revuistes cités tout au long des textes proposés par les contributeurs. Et, n’oublions les nombreux lecteurs qui ont régulièrement parcourus les poèmes proposés par Daniel Brochard et qui le suivront encore longtemps sur la Toile. C’est aussi l’occasion de saluer le formidable travail effectué depuis de longues années par Daniel pour faire vivre la poésie à un moment où elle n’est, hélas, plus très en vogue.

Et pour finir ce propos sur une note plus optimiste, je laisse le soin à deux des auteurs de revendiquer la liberté qui doit toujours entourer la poésie : Hervé Martin : « La poésie est libre et n’est pas « au service . Elle est le fruit d’un être humain dans sa rencontre avec le monde » et Alain Perrocheau : « Le poème est un lieu de liberté / Le poème est un lien de liberté ».