Les larmes de ma mère
de Michel Layaz

critiqué par Sahkti, le 3 octobre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Retrouver sa Maman
Le propos de Michel Layaz m’a personnellement et dangereusement interpellée. Dangereusement sur le plan émotionnel s’entend. Il aborde cet amour que l’on porte aux êtres aimés et qu’on ne témoigne pas, cet amour invisible car ces êtres font partie du décor, de notre vie sans que nous en soyons encore conscients. Il faut que la mort passe par là pour réaliser à quel point ils comptent. Avec, dans ce roman, une attention toute particulière accordée aux mamans. Une habitude d’amour, un visage dont on ne veut pas se défaire, une présence invisible, un amour cruellement manquant.

Avec beaucoup de sensibilité, Michel Layaz apprend à écrire la mémoire, à vivre dans le souvenir sans tomber dans le fétichisme, à souffrir sans avoir mal.
L’auteur évoque les objets de l’enfance, une balançoire, des escarpins, des fléchettes, une poêle à frire ou un couteau à viande... en 26 tableaux émouvants et intimes qui aident à se fabriquer un deuil, à entretenir une mémoire, à nourrir le souvenir de sa maman.

Le titre vient d’une scène, d’une unique photographie prise lors d’un événement heureux : les larmes d’une maman lors de la naissance de son troisième fils. Larmes de bonheur d’une nouvelle vie ou de douleur de l’accouchement ? C’est une question lancinante qui ne quitte pas l’auteur et à laquelle il tente de répondre.
Au fil des pages, Layaz compose une image maternelle, la sienne, dans laquelle nous nous retrouvons tous tant sa démarche est universelle.
Le narrateur s’exprime à la première personne, il joue avec les mots et les images, il nous invite sur le chemin de la découverte et de la reconnaissance maternelle. C’est un hommage interrogatif sur le rôle de mère et de femme, sur les rapports entre une maman et son fils. Avec la photographie des larmes en fil conducteur, une photographie jetée, geste incompris par le narrateur.
C’est intime et émouvant, un très beau roman.