Faust au village
de Jean Giono

critiqué par Jules, le 1 octobre 2004
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
De très belles pages
Ce livre compte sept nouvelles écrites par Giono. Contrairement à plusieurs œuvres de l’auteur, celles-ci ne se passent pas dans sa Provence mais bien un peu plus à l’Est dans les hauteurs. Le climat et les ambiances sont donc assez différentes. Ici, nous sommes davantage dans les régions de « L’Iris de Suze » L’auteur ne manque pas de souligner l’importance de la région sur le mental de ses habitants.

Giono nous livre de superbes pages sur le jeu, ses motivations et ses résultats, comme sur une coutume ancestrale qui consiste à se pendre le plus longtemps possible. Le tout est d’avoir une confiance totale en celui qui vous y aide et vous surveille de façon à vous dépendre à la dernière minute, accentuant ainsi le plaisir qui résulte de cette pratique.

Assez étonnant aussi de voir un auteur aussi pacifiste que Giono vanter « le sang » Le verser procurerait une sensation hors du commun et l’auteur d’écrire : « Et la vérité vraie, la triste vérité, comme on dit, est que, sans distractions, la vie est pire que la mort, elle est inutile et, à chaque minute, nous sommes face à face avec son inutilité » D’où le sang… « Dès que le sang coule on est tout de suite un autre homme »…

« La croix » est une nouvelle vraiment particulière et même assez cocasse … Difficile de rester sérieux en lisant ses dernières lignes !…

Avec « Silence » Giono aborde le problème des héritages dans les régions agricoles. Les parcelles qui se font et se défont, l’avidité et l’envie. Dans « Les corbeaux » nous trouvons le rituel post-mortem et le pénible choix de savoir qui inviter à l’enterrement. Surtout pas question d’oublier une personne qui compte, cela pourrait avoir de lourdes conséquences, mais ne pas inviter non plus ceux qui ne le mériteraient pas…

La dernière nouvelle, « Faust au village » a un côté fantastique qui n’est pas courant chez Giono.

Bref, des nouvelles que j’ai eu grand plaisir à relire tant l’écriture en vaut largement la peine.