Dernières nouvelles des choses : Une expérience philosophique
de Roger-Pol Droit

critiqué par Sahkti, le 30 septembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Réapprendre les objets
Poursuivant ma quête de ces petites expériences qu’il convient de porter sur un piédestal, leur rendant toute leur saveur et leur richesse, j’ai lu cet ouvrage de Roger-Pol Droit avec beaucoup de plaisir.
D’abord parce qu’il écrit bien, ensuite parce sa théorie est séduisante.
Dans un langage simple et attirant, R-P Droit nous explique notre société est quelque peu perdue au milieu de tous ces besoins et objets dont nous n’avons que faire. Discours maintes fois entendu, j’e devine les ricanements chez certains, mais le répéter n’est pas un luxe, surtout lorsque c’est aussi efficacement démontré.
Il est temps de rendre leur juste place aux choses, de placer l’esprit avant la matière, de réfléchir autrement qu’en termes matériels.
C’est de la philosophie de tous les jours, plus sérieuse que celle de Delerm et moins pontifiante que celle de BHL. Pas de théorie compliquée ou de jargon universitaire, c’est un livre destiné au grand public, pertinent et adapté à notre société.

Roger-Pol Droit s’est demandé comment se portaient-les choses ? Etrange à première vue, on a plus souvent l’habitude d’entendre "Comment va le monde ?". Or ce monde, il est aujourd’hui essentiellement composé de choses, d’objets. Ceux-ci existent-ils ? Ont-ils une âme ? Et si on se prenait à rêver qu’ils en ont une, quels propos pourrait-on leur prêter ? Je retrouve la démarche de Maurice Maeterlinck dans "L’oiseau bleu" et l’âme des objets, surprenante pour nous, êtres vivants, qui oublions de regarder les objets de tous les jours avec la considération qui devrait être la leur, au vu des services qu’ils nous rendent.
En revenant à leur mission première (nous aider), en leur reconnaissant ce mérite, en témoignant un minimum de gratitude (évidemment, inutile de sourire en pensant qu’il faut dire merci le matin au bol qui contient le lait et les céréales !), on ressuscite des histoires, on recrée cette complicité entre l’humanité et les objets qu’elle a crées pour sa survie. Survie devenue vie puis bien-être. C’est sans doute là que les choses ont commencé à coincer. Reléguées au rang de vulgaires objets, nous n’en avons plus saisi la véritable richesse, tout est devenu banal et nous de grands blasés ne nous émerveillant plus de rien.

Lecture utile qui pousse à la réflexion...
Bon sens et philosophie 7 étoiles

Encore une très belle critique de Sahkti qui vous incite à vous précipiter sur ce livre dés qu'il passe à votre portée.
L'auteur s'interroge sur les choses. Un peu au hasard. Ca va de la paire de sandales au réverbère et du décapsuleur à la poubelle en passant par le parapluie ; une cinquantaine de choses y passe, et l'auteur réussit la gageure de rédiger sur chaque objet trois à quatre pages intéressantes.
Faites l'essai ; mettez devant vous une théière, par exemple, et rédigez quatre pages qui vaillent la peine d'être lues. Cet exercice n'est certes pas à la portée de tous ! Pour l'excellent écrivain Roger-Pol Droit cela paraît un jeu d'enfant : il nous dit sur les choses des réflexions profondes, étranges, amusantes avec toujours beaucoup de bon sens et une philosophie pas si futile qu'il n'y paraît à première vue. Et puis surtout, c'est toujours remarquablement bien écrit.
On passe un bon moment de lecture, pas trop long, heureusement, sans quoi on risquerait de rester sur l'impression d'avoir un rien perdu son temps ; alors qu'en réalité on a pris le temps de réfléchir quelque peu sur une cinquantaine de choses essentielles.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 9 septembre 2005