Ondes de choc, e-mails de New-York 2001
de Bernadette Richard

critiqué par Sahkti, le 28 septembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Fragments de Big Apple
"Mardi 18 septembre : L’Amérique est repartie comme en 14, insolante, arrogante, sûre d’elle... NY batifole gaiement dans un automne chaud et coloré, ça fait la fiesta aux terrasses... et pour rappeler à l’ordre cette insoutenable légèreté de l’être, le vent tourne par caprices et rejette sur l’île une puanteur qui est chaque jour plus abominable."

Bernadette Richard est Suisse. Une bourse octroyée par le canton de Berne lui permet de s'envoler pour New York afin d'y peaufiner un bouquin de science-fiction. Elle s'y trouve au moment des attentats du 11 septembre 2001. Pendant tout son séjour là-bas, elle a envoyé des milliers d'e-mails à sa famille, ses amis, des proches ou de simples connaissances. Autant de témoignages à vif, de visions des événements, d'écorchures, d'étonnement, de cris de douleur ou de colère par une étrangère à ce pays qu'elle sent souffrir au plus profond de sa chair. Tout y passe : du bruit des tours qui s'écroulent au son lancinant des sirènes de pompiers, en passant par des jeux d'écureuils dans un parc public ou le dernier repas préparé qui refroidit sur la table de la cuisine. La compilation de ces morceaux choisis donne un semblant de trame, une ossature à la vie quotidienne américaine de Bernadette Richard, avec en toile de fond ces bruits de gravats qui tombent, ces hurlements, cette impression d'un monde qui s'arrête l'espace de quelques explosions.
Tous ces courriers, Bernadette Richard ne les avait pas gardés, ce sont des amis qui lui ont demandé de les publier, en guise de témoignage, parce qu'ils constituent des traces importantes de ce qui s'est passé. Des textes qui ne sont pas ou peu littéraires, ce sont des paroles brutes qui, assemblées, donnent un récit d'une nature étrange et extrêmement intéressante sur la force qu'on transmet via un simple courrier électronique.