Ret samadhi: Au-delà de la frontière
de Geetanjali Shree

critiqué par JPGP, le 31 mai 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Geetanjali Shere, le silence et ses sangles
Ret Samadhi est l’histoire d’une veuve de 80 ans. Elle quitte sou­dain la mai­son de son fils où elle vit selon la tra­di­tion. Elle est ensuite héber­gée par sa fille jour­na­liste et céli­ba­taire qui l’ouvre à une nou­velle culture et à une véri­table méta­mor­phose. Et ce, auprès d’une trans­genre de la com­mu­nauté des Hij­ras jusqu’à ce que l’amitié intense entre les deux femmes se casse : l’octogénaire décide alors de fuir avec sa fille vers le Pakistan.

Tout dans ce livre aux mots cou­pants, drôles atta­chants décloue divers types de fron­tières entre le fami­lier et l’étrange, le passé et le nou­veau, l’amour et la haine, les modèles et les genres.
Il ne s’agit pas de coudre ses oppo­si­tions mais de trou­ver en elles des point de réveils. Le silence et ses rubans de sangles n’est plus de mise. Et si l’étiolement de l’âge est là, il ne suf­fit pas à en encal­mi­ner le rêve, l’envol, l’enivrement dans ce qui tient aussi d’une satire.

Geetan­jali Shree étrille bien des alié­na­tions au souffle de son écri­ture là où se hisse et s’agrippe la liberté. A l’ombre de la lettre se démembrent les idées de mil­lé­naires obso­lètes qui fis­su­raient l’être lorsqu’il n’était pas le “bon”.
Dans un tel livre se mordent bien des com­men­ce­ments qui défient jusqu’au point final : pour­ront conti­nuer de “nou­velles formes qu’il reste à colo­rer pour que se lèvent d’autres his­toires” et d’autres femmes qui, comme l’héroïne, per­dront l’habitude d’être muettes et murées en elles.

Jean-Paul Gavard-Perret