La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil
de Sébastien Japrisot

critiqué par Isaluna, le 20 septembre 2004
(Bruxelles - 67 ans)


La note:  étoiles
Suspense, suspense...
Publié pour la première fois en 1966, ce roman de Sébastien Japrisot a reçu plusieurs prix de littérature policière, amplement mérités selon moi.
L'héroïne, Dany Longo, est secrétaire dans une agence de pub. Une vie relativement solitaire, sans réelles attaches, sinon une amitié de jeunesse pour la femme de son patron. Celui-ci lui ayant demandé de les conduire, sa famille et lui, à l'aéroport puis de ramener la voiture à son domicile, Dany, sur un coup de tête part avec la magnifique Thunderbird blanche décapotable, une voiture qui ne passe pas inaperçue.
Elle prend la direction du Sud pour aller voir la mer où elle n'est jamais allée. Un voyage qui tourne peu à peu au cauchemar, puisqu'elle se fait attaquer dans une station-service et que plusieurs personnes soutiennent mordicus l'avoir déjà vue la veille dans la même voiture faisant route en sens inverse. De là à croire qu'elle sombre dans la folie... Et le pire pour Dany reste à venir, bien sûr...
Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur sait ménager ses effets! On cherche à comprendre avec l'héroïne, on est de tout coeur avec elle, puis Japrisot force le lecteur à prendre du recul, à regarder son personnage avec suspicion. Dany Longo manipulerait-elle les témoins de son histoire? Les questions se bousculent tout le long de la fuite de l'héroïne, les éléments de réponse sont donnés au compte-gouttes par des personnages secondaires qui interviennent de manière ponctuelle. Du grand art dans le suspense!
Un roman noir abracadabrantesque 6 étoiles

Dany Longo, une secrétaire à la vie banale, doit taper un dossier urgent chez son patron qui doit le présenter le lendemain à son client de Genève.

Dany doit aussi conduire son patron et sa famille à l'aéroport au volant d'une Thunderbird et ensuite la ramener à la maison mais elle décide de profiter de la voiture pour passer quelques jours agréables dans le Sud.

Il lui arrive alors des choses incroyables comme son agression, la rencontre avec des gens qui la connaissent déjà, un colis très embarrassant, etc., etc.

Tout semble incompréhensible et l'auteur, pour brouiller les pistes, ajoute encore un personnage inquiétant, incontrôlable.

Viennent enfin les très longues explications du/de la coupable. C'est d'un compliqué, tellement alambiqué que j'ai lu tout cela en diagonale. On a beau faire face à un psychopathe, on a beaucoup de mal à y croire.

En résumé, une lecture agréable le premier tiers. Malgré tout, je l'avoue, une envie irrépressible de lire toute l'histoire pour enfin comprendre !

Odile93 - Epinay sur Seine - 69 ans - 23 novembre 2020


Pseudo-émancipation en cinémascope 6 étoiles

Ce thriller n'est pas détestable à lire mais beaucoup de ses notions et termes sont un peu datés....

De même l'héroïne manque de profondeur voire d'étoffe: on se demande quel est le but de son "road-trip" puisqu'il apparaît qu'elle ne manque de rien ! Japrisot se perd dans ses pinceaux et use et abuse de clichés flatteurs (envers la gente féminine) surtout au détriment du réalisme. Quelques autres données sont aussi exploitées mais on devine surtout que la mode de cette époque à l'existentialisme de salon, entre autres, a dû influencer l'écrivain.

Et puis en 1966 elles étaient rares les femmes à être chef d'agence. Cela est donc dommage car il y avait matière à penser !

Très pénibles sont également les explications de fin; sinon interminables et dignes de n'importe lequel polar d'aujourd'hui. Ça on le trouve partout, par contre.

Antihuman - Paris - 40 ans - 7 mars 2020


road-movie à la française 4 étoiles

Dans l’ambiance désuète et charmante des années soixante, l’auteur a eu la volonté évidente de construire un récit ambitieux. Ce road-movie tragique, pour le coup, possède bien des aspects séduisants. Japrisot sait en effet avec talent utiliser des images cinématographiques, chargées de symbole (la fameuse auto, une Ford Thunderbird, belle métaphore de la liberté), manipuler et perdre à dessein le lecteur. En filigrane de la narration apparaît aussi la chronique sociale d’une époque, abordant notamment le rapport homme/femme et la problématique de la réussite sociale.

La dynamique principale du roman, qui est à la fois l’ambiguïté de Dany Longo, le personnage principal, et cette folie qui peu à peu s’insinue en elle au fil des événements troublants qu’elle va vivre, permet de semer efficacement le doute dans notre esprit sur la santé mentale de l’héroïne.

Mais le récit finalement se cherche et s’avère plutôt bancal dans sa construction. Les effets tombent un peu à l’eau. La matière première du récit n’est finalement pas exploitée jusqu’au bout comme on pouvait l’espérer.

Bien que très réussi par certains côtés, le roman ne m’a donc pas entièrement convaincu et je ressort plutôt dubitatif de cette lecture.

Fanou03 - * - 48 ans - 13 novembre 2013


Un policier bien mené 8 étoiles

Histoire rondement bien menée, héroïne attachante par sa maladresse, sa myopie et sa façon de se juger. Il y a parfois des passages où on a quand même du mal à la suivre!! Elle part un peu dans ses délires.
Pendant un long moment, je me suis quand même demandée si c'était pas moi qui devenait folle et qui avait tué le type!!
Je ne m'attendais pas du tout à cette fin là, coup de massue et jolie fin!!
Lecture très agréable et déroutante à la fois

Loranne - - 36 ans - 7 juillet 2011


Chapeau l'artiste 9 étoiles

Typiquement du Japrisot : très psychologique, très saccadé, le lecteur est comme le personnage principal, perdu au milieu des indices qui n'en sont pas et inversement. C'est vraiment dans la lignée de "Piège pour Cendrillon" et de "L'été meurtrier" à ce point de vue là. Les personnages sont pour la plupart assez sombres et torturés. La Provence est, comme souvent chez lui, au cœur du récit également. Et vraiment, ce style haché et irrégulier rend ce roman "inlâchable".
Excellente lecture !!!

Manumanu55 - Bruxelles - 44 ans - 28 juillet 2009


Folle ou victime? 10 étoiles

Après avoir lu "Un long dimanche de fiançailles" "l'été meurtrier" (et les films tirés de ces deux romans) et "compartiment tueur" je poursuis ma lecture des romans de Japrisot avec "La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil". J'aime bien ces romans qui allient une enquête (le fil rouge) bien construite par l'auteur et des personnages qu'on a l'impression de connaître.

Dany Longo, sur un coup de tête "emprunte" la voiture de son patron, qu'elle a accompagné avec sa famille à Orly, pour le week-end, s'arrêtant à une station service, elle se fait agresser et casser la main gauche et le pompiste lui affirme qu'elle est déjà passée plus tôt le matin, alors qu'elle tapait un dossier client à Paris chez son patron

c'est cet attachement aux personnages et la solidité de l'intrigue. On ne peut que se demander, comme l'héroïne, si elle est folle ou si tous les gens qui la croisent la manipulent. l'auteur nous manipule jusqu'à la dernière ligne et nous on aime ça. A lire absolument.

Killeur.extreme - Genève - 42 ans - 8 décembre 2007