Robert Badinter : L'homme juste
de Dominique Missika, Maurice Szafran

critiqué par Veneziano, le 10 juillet 2021
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Origines et parcours politique d'un avocat
Robert Badinter provient d'une famille juive russe immigrée en France, ce pays représentant un idéal, avant que ses proches ne deviennent victimes de son Etat, gagné à son tour par l'antisémitisme. Marqué, il réussit à se forger une brillante carrière d'avocat pénaliste, dénonçant la peine de mort et les conditions carcérales, devenant le conseiller technique de François Mitterrand, souhaitant unir la gauche en l'incarnant. Après le choix de Maurice Faure en tout début de mandat, Badinter le remplace comme Garde des sceaux, pour cinq ans, avec l'adoption de l'abolition. Puis, sont décrites ses relations avec le chef de l'Etat, un peu avant sa prise de fonction, lors de sa participation au gouvernement et même après, dans le cadre de ses décisions symboliques sur l'hommage aux victimes du Vél d'Hiv, la reprise de la considération gaullienne du caractère nul et non avenu de Vichy.

Le profil général de l'homme est donc restitué avec précision et clarté, par ses origines, sa pratique professionnelle, sa réforme majeure de l'abolition et sa réflexion sur l'évolution de la condition carcérale. Il reste dommage que ses autres réformes, certes plus techniques, ses mandats à la tête du Conseil constitutionnel, puis au Sénat, ne soient pas évoquées, alors que la juridiction qu'il a dirigé a gagné en ampleur sous sa férule.
Outre ces manques, les choix, options et idées personnelles, la manière d'analyser les personnes sont restituées et analysées avec intérêt, ce qui rend cette biographie enrichissante et nécessaire.