Le goût du vrai
de Étienne Klein

critiqué par Falgo, le 9 juillet 2021
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Plaidoyer pour la rationalité scientifique
"La vérité, y-a qu'ça de vrai" disait Pierre Arditi à la fin de la pièce de Florian Zeller "La Vérité". Irrité, le mot est faible, par les discours de plateaux de télévision sur la crise de la Covid-19, Etienne Klein a repris les thèses de ses écrits précédents (très bien critiqués sur ce site) dans cet opuscule publié dans la collection "Tracts Gallimard". Je n'y ai rien trouvé de nouveau, mais une argumentation serrée et exhaustive en faveur de la rationalité scientifique. Il l'oppose à l'opinion publique formée de diverses manières: gouvernement des émotions, effets d'autorité, "parler avec assurance de sujets que l'on ne connaît pas" (p.6), prépondérance de l'intuition personnelle. il donne de nombreux exemples de cette manière erronée d'expliquer le monde et fournit a contrario une solide vision de l'approche scientifique. Il met en garde contre les erreurs que celle-ci a commises, tombant par excès de certitude dans l'anamorphose. Il rappelle cependant que la théorie scientifique, suivant son balancement entre doute et certitude, a produit des résultats confirmés par l'expérience pratique: les lasers issus de la physique quantique, le boson de Higgs. Il plaide ainsi pour la poursuite de la pensée purement scientifique contre les approches sociologiques qui s'intéressent aux conditions extérieures de production de cette pensée. Il tient, à la suite de Karl Popper, pour la construction d'une vérité scientifique acceptée "comme bonne réponse" à un moment de l'histoire par la majorité d'une communauté scientifique selon le beau principe de la réfutation. Il n'évite pas cependant l'épineuse question de l'évolution de l'environnement, prédite depuis longtemps par les scientifiques à rebours des opinions politiques et publiques guidées par la paresse intellectuelle, le confort présent et l'intérêt à court terme..