Les Nuits d'Addis-Abeba
de Sebhat Guèbrè-Egziabhér

critiqué par Sahkti, le 31 août 2004
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
La moiteur éthiopienne
Sebhat Guèbrè-Egziabhér est un écrivain éthiopien écrivant en ambarique, plutôt qu'en anglais ; il avait commencé son roman dans cette langue puis l'a rejetée, estimant que la réalité d'une culture ou d'un pays doit passer par la langue originelle qui la véhicule.
Et c'est justement de société et de culture qu'il nous parle, la société éthiopienne dans toute sa pudeur, mais aussi dans tous ses excès. C'est sans doute pour cela que lorsque l'ouvrage fut publié en Ethiopie, la censure y exerça des coupes claires livrant aux lecteurs un livre qui n'a plus grand chose à voir avec ce que la traduction française nous offre aujourd'hui.

L'essentiel de l'histoire se déroule dans un bar sordide où se côtoient misère et désillusions, prostituées et alcooliques, désoeuvrés et êtres solitaires. Tout n'est pas triste, loin de là, il y a beaucoup de bonne humeur. Beaucoup d'amour charnel aussi. Parfois glauque. Des situations que Guèbrè-Egziabhér décrit avec crudité et violence, qu'il soit question de sexe, d'amitié, de règlements de comptes... Son narrateur, qui observe les soirées chaudes d'Addis-Abeba chez Mammit Eshourou, un narrateur spectateur qui nous raconte à sa manière ce qu'il voit et perçoit.

C'est une écriture dense et colorée, un récit noir et enjoué à la fois, le portrait d'une population errante noyée dans ses illusions.