Sartoris
de William Faulkner

critiqué par Jules, le 29 août 2004
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
L'empreinte de la guerre...
Comme pour les autres critiques faites sur des livres de Faulkner, j’ai tenu à d’abord le relire. C’est un auteur qui laisse, à chaque fois une forte impression, mais la mémoire ne peut retenir des années toute la richesse de ses livres.

Ici, nous ne sommes pas dans le monde des petits blancs comme dans « Tandis que j’agonise », ni dans celui des vieilles familles quasiment au bout du rouleau comme dans « Le bruit et la fureur » Nous sommes toujours dans le Sud, avec ses petits blancs et ses « nègres », mais la famille Sartoris est très riche. Son problème est ailleurs : tous les mâles de la famille, depuis des générations, sont toujours morts de façons violentes.

Nous sommes en 1918 et le petit-fils, Bayard, rentre de la guerre alors qu’il était pilote d’avions au front, du côté d’Ypres et Furnes. L’avion de son frère jumeau, John, a été abattu en plein ciel, sous ses yeux, par un pilote allemand. Il l’a vu sortir de sa carlingue en feu, se jeter dans le vide, le regardant, lui Bayard, et lui faisant un dernier pied de nez narquois. Il est hanté par cette vision et ne cesse de faire des cauchemars. Comme tous les Sartoris, il se défoule dans la violence, la boisson, et en provoquant la mort au volant de son nouveau bolide.

Pour tenter de le calmer, son grand-père, également dénommé Bayard, l’accompagne souvent. Même sa tante, Miss Jenny, le fera aussi.

La première partie de ce livre m’a semblé un rien plus ardue, tant l’issue du combat contre le destin semble évidente. Mais très vite, la machine « Faulknérienne » se met en branle et nous sommes subjugués par la puissance des personnages qui évoluent sous nos yeux.
Entre Bayard le jeune se battant contre lui-même et ceux qui l’entourent, il y a aussi Bayard le vieux, lourd et solide, mais résigné au fond de lui-même.

La tante Jenny, personnalité hors du commun, mène tout son monde d’une main de fer. Elle enverrait bien tous les Sartoris au diable, mais, malgré elle, elle les aime. Combattre le destin est inutile, mais elle ne renonce pas à tenter de composer avec lui.

Quant à la jeune Narcissa, face à Bayard le jeune, elle est comme une souris hypnotisée par le serpent. Mais n’oublions surtout pas la famille « nègre » qui vit sur le domaine des Sartoris ! Avec le vieux Simon Faulkner nous donne un merveilleux personnage et haut en couleurs…
Attachant, paresseux comme un tic, roué comme un vieux paysan normand, faisant bien souvent fi du respect qu’il serait sensé montrer, il est aussi un manipulateur hors pairs ! Grâce à lui, Faulkner nous livrera de grands moments et quelques-unes unes de ses grandes pages. Parmi celles-ci figurent celles où l’auteur compare le destin, l’utilité et le caractère des « nègres » du Sud à celui du mulet…

Peut-être un rien inférieur à ses tout grands romans, ce livre n’en reste pas moins celui d’un grand écrivain !

A sa relecture, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à « Légendes d’automne » de Jim Harrison. Travaillé tout autrement, et donc loin d’être un plagiat, ce livre est aussi un chef-d’œuvre. Mais il n’en demeure pas moins que l’idée de départ est la même et que l’on y retrouve les mêmes obsessions et la même violence
Pas très accrocheur 4 étoiles

Je ne sais pas exactement ce qui ne m'a pas plu dans ce roman, mais je n'ai pas accrochée. Je me suis ennuyée et plus je tournais les pages, plus je me demandais ce que je faisais là. Ce livre est définitivement celui que j'ai le moins apprécié de Faulkner.

Janiejones - Montmagny - 38 ans - 10 mai 2007