Un bon féministe
de Ivan Repila

critiqué par Pucksimberg, le 4 avril 2021
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Etat phallique et Princesses
Ce roman dystopique est original et pleinement ancré dans l’actualité, de plus il interroge le lecteur sur le féminisme, ainsi que sur les moyens de gommer le patriarcat. Ivan Repila opte pour un ton provocateur, amusant et polémique dans ce roman construit avec habileté et suffisamment informé pour inviter le lecteur à se questionner.

Le narrateur de ce roman, jeune journaliste, prend de plus en plus conscience du statut de la femme dans notre société. Le déclic vient de ses deux colocs masculins qui s’amusent à filmer des femmes lors de rapports sexuels sans leur consentement. Il est choqué par cette façon de procéder. Il va par la suite assister à des colloques sur le féminisme et rencontrer Najwa, une féministe universitaire engagée. Méfiante au départ, elle sera plus proche du personnage principal par la suite. Le narrateur crée l’Etat phallique en rassemblant des hommes misogynes prêts à commettre des attentats au nom de leur supériorité. Mais le narrateur, rebaptisé Garbo, puis Vergo dans la suite du roman entend œuvrer pour secouer les consciences et servir la cause féministe par des actions condamnables machistes. C’est une forme de sacrifice pour la bonne cause …

Le roman est inattendu dans sa forme et dans le ton utilisé. Ivan Repila n’est pas mesuré et marques les esprits tant par les propos de ses personnages que par les actions décrites. Cela dérange, questionne mais surtout éveille les consciences. Le lecteur sourit parfois face à ces propos outranciers car l’on en mesure la portée critique et le second degré. Le roman interroge à la fois sur la politique et sur la société. L’épilogue de ce roman éclaire l’ouvrage tout en le complétant et permet de se projeter sur les décennies à venir, mêlant des références véritables, d’autres imaginées pour l’auteur.

Le roman est agréable tout en étant intelligent. Les chapitres sont courts et s’enchaînent rapidement. Même si je lui reconnais toutes ces qualités, je ne peux pas dire que j’ai adoré ce roman. Les idées qu’il défend sont évidemment modernes et intéressantes, mais le texte, agréable à lire au demeurant, ne m’a pas emporté. J’avais beaucoup apprécié « Le Puits » du même auteur, un apologue marquant et énigmatique. « Un bon féministe » saura tout de même séduire bon nombre de lecteurs.