Entre midi et minuit
de Thierry Radière

critiqué par Débézed, le 2 avril 2021
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Poésie du jour qui point
« Entre midi et minuit » annonce le titre mais, connaissant un peu l’auteur, je parierais que les poèmes qui composent ce recueil ont tous, ou la plupart, été écrits aux heures matutinales devant le premier café du jour qui point. Thierry, je le connais un peu mais je connais surtout son œuvre, j’ai lu presque tout ce qu’il a publié, dix-neuf titres dans ma liste de lecture, des titres qui en disent long sur le bonhomme, son talent, ses petites habitudes, sa manière d’écrire, ses sources d’inspiration, sa famille, son environnement, ses préoccupations, …

« Dans la nonchalance / du jour en train de se lever / j’y vois beaucoup de classe / de grâce et de pudeur / … »

Thierry a séduit de nombreux éditeurs, tous très exigeants, amoureux des beaux textes, convaincus de l’importance des belles lettres surtout de la poésie qui est sa forme d’expression littéraire préférée. Pour cette nouvelle publication, il a placé la barre encore plus haut, sans vouloir renier le talent de ses précédents éditeurs qui sont aussi pour certains des amis, il a réussi à faire publier un recueil plus de trois cents pages pour, à peu près, autant de poèmes dans une maison dont la qualité, la renommée, la richesse du catalogue ne sont plus à prouver. Ce recueil a en effet été publié par les célèbres Editions de la Table ronde.

C’est une anthologie comprenant trois recueils :

- Poème totémiques (2017)
- Je n’aurais pas pu voir (2018)
- J’avais déjà dit un jour (2019)

Chacun des poèmes du premier recueil est dédicacé à un auteur, souvent un poète. C’est ainsi que j’ai pu constater en lisant la liste des destinataires de ces dédicaces que nous avons, apparemment, de nombreuses lectures communes : « … Serge Prioul, Frédérick Houdaer, Christophe Bregaint, Thomas Vinau, Fabien Sanchez, Francesco Pittau, Pierre Autin-Grenier, … ». la liste est longue, je me permets de l’écourter à son début.

Je connais bien l’univers littéraire de Thierry, il évoque souvent tout ce qui tourne autour de lui, sa famille, ses amis mais encore plus son environnement, les petites bêtes qui gravitent à proximité, les choses simples comme les événements moins anodins. Une sortie au marché peut faire l’objet de plusieurs textes tout comme une manifestation exceptionnelle ne peut être l’objet que d’un seul petit poèmes. J’ai remarqué dans ces trois recueils rassemblés dans cette anthologie que le cercle des préoccupations de l’auteur semblait s’élargir en passant d’un recueil à l’autre. Ainsi les derniers poèmes s’engagent plus profondément dans une réflexion littéraire, sociale, humaniste…

Thierry est amoureux des mots, il s’en nourrit, il en a besoin…

« Il n’y aura jamais / assez de mots pour dire / tout ce que je voudrais dire / … »

Mais, il les aime comme on aime la cuisine familiale, avec gourmandise et pas forcément modération.

« pas besoin d’employer les grands mots / La réalité s’impose d’elle-même / S’il faut en plus la compliquer / En étant maniéré /Les gens seront encore plus perdus / Non l’essentiel est d’être là / Sans se la péter / … »

A la seule question qui lui reste sous la plume :

« Que m’ont apporté / tous ces textes écrits / tôt le matin / … ».

Nous ne pourrons jamais répondre mais nous savons nous ce que ces poèmes nous ont apporté, à nous, : un peu de quiétude, de sérénité, d’amour du prochain, de respect pour la nature et beaucoup d’empathie pour ceux qui nous entourent. Alors, Thierry, au petit matin, devant ton premier café du jour, écris encore tes doux poèmes puisque, comme tu l’écris, c’est ta vocation…

« Plus j’écris, plus je finis par accepter / de n’être surtout rien / qu’un homme uniquement fait pour ça. »