critiqué par Sahkti, le 26 août 2004
(Genève - 50 ans)

La note: étoiles

Morts en musique

Journaliste de profession, Arièle Butaux est également pianiste. Elle connaît et aime la musique, ça se lit, ça se sent et c'est tant mieux, car ça apporte une touche de sincérité au roman qui est la bienvenue au milieu de toutes ces intrigues, ces trahisons et ces sentiments confus qui tissent la trame au fil des pages. Mensonges riment avec musique autour du suicide inexpliqué des pianistes Taeko et Patrick Crommelynck il y a une trentaine d'années. Un drôle de fait divers pas vraiment élucidé qui offre à Arièle Butaux l'idée de romancer la chose avec les personnages de Eric et Hisako Berney.
C'est assez bien ficelé ! La tragédie côtoie les mélodies, la trahison flirte avec le secret et très vite, Hisako découvre que Eric n'est pas celui qu'elle imagine. Couple étonnant qui se déchire et se découvre, c'est dramatique et fort. L'écriture d'Arièle Butaux est sensible, mélodieuse, douce et dure à la fois, à l'image de ses deux héros malheureux que la vie a conduit au suicide commun. Enquête autour d'un drame, reconstitution méthodique des vies de chacun et de ce qui a pu les pousser à commettre un tel acte. Avec, toujours, obsédante, la musique et les touches d'un piano devenu muet.

Morue! d'Arièle Butaux. Parution le 11 avril ( L'Archipel)
Morue! d'Arièle Butaux. Parution le 11 avril ( L'Archipel) Retrouvez Ariele Butaux sur son forum: http://www.ariele-butaux.com E-mail: info@schalung.biz "Connard!" s'exclamaient hier Elise, Florence et Caroline. "Morue!", leur répond aujourd'hui le prince charmant, dont le blanc destrier est bien fatigué. Mais que serait l'amour sans mots doux et sans noms d'oiseaux...ou de poissons? Après avoir bravé les dangers de l'amour et autres catastrophes naturelles, les trois chipies sont de retour. Déçues du mariage, de la maternité et même de l'adultère, elles rendent enfin aux hommes la monnaie de leur pièce. Un week-end en Normandie tourne au cauchemar, une mère de famille délaissée ourdit sa vengeance, un amant indélicat perd ses illusions en s'immiscant dans un dîner de filles... L'humour noir le dispute à la tendresse pour ces monstres ordinaires, tour à tour charmants et désespérants. Arièle Butaux aborde au passage quelques questions épineuses : le harcèlement est-il toujours un délit? Les monospaces sont-ils agréés par le Vatican? Est-on si bien qu'on le dit au sein de sa famille? Si les filles sont des pestes, y a-t-il un vaccin? Peut-on déclarer sa flamme en charentaises. Y a-t-il des morues dessalées? Et coucher avec un plouc, est-ce vraiment tromper? Sylvainbutaux - - 89 ans - 7 avril 2006

La musique? Ou l'amour?
C'est en effet un très beau livre. Très beau et très noir. Obscurci d'un bout à l'autre par un inextricable réseau de trahisons et de mensonges. Avec pour seuls instants de répit, les moments trop rares où la musique mène la danse. Brahms, Schumann et surtout Schubert, celui qu'il faut jouer "comme si l'on devait mourir demain", dans la grâce absolue du présent. Mais une grâce qui est de bien peu de poids face au terrible imbroglio psychologique qu'Arièle Butaux nous a tricoté avec sa "Samouraï". Terrible mais très juste analyse des relations de ce couple que la musique a réuni et qui se retrouve finalement pris au piège des promesses, des rêves et des fantasmes des premiers temps, du monde idéal de la musique tellement plus séduisant que celui où il ne faut pas oublier de payer ses impôts ni sa facture d'électricité... C'est d'une grande sensibilité et d'une grande finesse, sans aucun pathos excessif. Et c'est là la très grande qualité de ce livre où la musique passe finalement au second plan, évoquée avec beaucoup de justesse quand elle est présente, mais le plus souvent réduite à une ombre entr'aperçue au détour d'une page. Fee carabine - - 50 ans - 28 juillet 2005