L'inavouable : La France au Rwanda
de Patrick de Saint-Exupéry

critiqué par Manu_C, le 26 août 2004
( - 54 ans)


La note:  étoiles
Influence et génocide
Histoire oblige, 10 ans plus tard revoici le Rwanda.

Au hasard d’une émission de radio, j’entends l’auteur parler de ce qu’il a vécu il y a dix ans sur place et me dit alors que la lecture de son livre s’impose.

Attention, ce n’est pas un traité de géopolitique sur l’Afrique des grands lacs et la lutte bipolaire des francophones et anglo-saxons (très résumé…). Non, loin de là ; c’est ce que l’auteur a vu et il n’y a pas de mots assez forts pour le qualifier. C’est justement par le compte rendu simple et l’absence de théorie pour justifier ces événements que l’on saisit toute l’horreur et la portée de ce qu’il s’est passé au Rwanda en 1994.

Cet ouvrage ne se contente pas de nous dévoiler toute l’horreur du génocide ; l’auteur, par une construction subtile (il s’agit d’une discussion virtuelle avec M. de Villepin) dresse le réquisitoire de la responsabilité de la France. Le lecteur appréciera les quelques considérations géopolitiques qui sont sensées justifier la politique française.

Pourquoi cet ouvrage est recommandable : parce qu’il me semble important de percevoir dans quelle mesure la position de la France a contribué au génocide de 800 000 personnes sacrifiées sur l’autel de la lutte d’influence et d’en mesurer toute l’horreur à travers les faits et non pas sous forme de statistiques. Les considérations de style n’ont pas lieu d’être pour cet ouvrage (l’auteur est de toute façon journaliste et n’est donc pas le candidat moyen).

On ne termine pas ce livre « intact ».
Mièvre 1 étoiles

Ce livre m’a laissé un écho négatif. Il aborde un point de vue, une vision unilatérale des choses et passe de trop nombreux événements sous silence ou en parle trop peu, comme le massacre des dix militaires belges travaillant sous couverture de l’ONU. Des êtres piégés, attirés vers la mort dans un climat de rébellion entretenu par des rwandais et aussi des français. De basses manœuvres stratégiques que la commission d’enquête mise sur pied pour faire toute la lumière sur cette affaire a évoquées mais le secret d’Etat, allié à la Grande Muette, a été d’un grand secours pour sauver les responsables de ces complots et de ces massacres. Le gouvernement français a joué un sale rôle dans ce génocide, certes, l'auteur le souligne, mais il n’est pas le seul. J’aurais aimé que Patrick de Saint-Exupéry élargisse un peu son champ d’action et de prospection pour proposer une vision plus globale des faits, avec toutes les ramifications existantes et les intérêts en jeu.

Sahkti - Genève - 50 ans - 26 août 2004