Une page d'amour
de Émile Zola

critiqué par Booklover, le 26 août 2004
( - 45 ans)


La note:  étoiles
un éclair de passion
Lorsque Hélène Mouret arrive à Paris, son mari est brusquement emporté par une maladie.
Elle se retrouve seule avec sa fille Jeanne, âgée de 12 ans. Elle reçoit l'aide de deux amis qui comme elle viennent du Midi : l'abbé Jouve, et son frère Rambaud. Elle mène une vie tranquille et bien réglée tout en observant Paris de sa fenêtre.
Jeanne accompagne sa mère où qu'elle aille. Cette enfant, d'une santé très fragile, est d'une jalousie maladive à l'égard de sa mère : elle seule peut partager l'amour d'Hélène.
Un jour, alors que l'enfant est atteinte d'une crise de convulsions, Hélène cherche de l'aide de son propriétaire Henri Deberle qui se trouve être médecin. Tous deux tombent inconsciemment sous le charme l'un de l'autre. En se rendant chez Henri pour le remercier d'avoir sauvé sa fille, elle fait la connaissance de sa femme : Juliette, qui l'invite à lui rendre régulièrement visite.
Le destin les réunit à l'occasion de visites qu'ils effectuent auprès d'une vieillarde la mère Fetu, lui en qualité de médecin et elle en qualité de bienfaitrice. C'est durant cette période qu'Hélène prend conscience des sentiments qu'elle éprouve à l'égard d'Henri, et se rend également compte que lui-même n'est pas insensible à son charme.
Après s'être confessée à l'abbé Jouve des sentiments qui l'habitent, le prêtre lui conseille le mariage avec son frère, ce dernier étant très amoureux d'Hélène. Mais Hélène veut croire en la pureté des sentiments qu'elle éprouve envers Henri et inversement. Par ailleurs elle est devenue une intime du couple qu'elle visite tous les jours, accompagnée de sa fille.
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Plus qu'une page d'amour, il s'agit de passion, aveuglante voire fatale, de mort donc, de possession, de jouissance,de plaisir plus que de bonheur ou d'amour.
Hélène, guère croyante, choisit d'obéir à la voix de ses sens, de sa passion, plutôt qu'à celle de Dieu.
Résultat: jouissance éphémère et remords perpétuel.. maladie, mort, solitude, tromperie, désenchantement... Le vide après un semblant de plénitude...
Les personnages de ce roman sont vivants, attachants, aucune description inutile, aucune lenteur ni langueur, tout va vite et avec vigueur, comme la passion d'Hélène.
Bref, ce roman se lit très vite, très bien, on ne s'ennuie jamais, une histoire habilement ficelée, passionnante et qui donne matière à réfléchir sur les moeurs de la société d'alors et d'aujourd'hui.
l'amour et les Mouret 8 étoiles

Le second roman d'amour de Zola n'a pas de quoi fouetter un chat ; pas de scènes torrides car l'auteur reste dans le bon ton d'une bourgeoisie feutrée.
Tout l’intérêt réside dans cette petite fille qui s'est substituée au père défunt et qui entretient la maîtrise de la situation.
L'enfant Roi est né. L'enfant qui n'est plus un satellite de la famille mais en devient le soleil.
Un siècle plus tard, un mouvement éducatif suivit à la lettre les préceptes de ce concept : ne pas contredire l'enfant, s'assurer qu'il puisse s'exprimer et prendre part comme l'adulte à tout ce qui le touche. La discipline et la contrainte sont bannies sous toutes leurs formes.
Les circonstances pénibles de la fin du roman remettront le bon ordre dans la morale, le bon ordre est sauf.
Un texte similaire à l'Abbé Mouret. Comme si ce nom était lié.


Les personnages principaux

Hélène MOURET
Est née en 1821, d’Ursule Macquart et de Mouret (ce dernier est établi chapelier à Paris). Elle est sœur de François, mort à Plassans, et de Silvère, mort en 1851. – Ursule sa mère est morte phtisique en 1839, à 50 ans.
Très jeune (et très belle), elle épouse GRANDJEAN qui mourra douze ans après le mariage en laissant à son épouse une certaine aisance et une petite fille, Jeanne.

Henri DEBERLE
Médecin et voisin d'Hélène, il tombera en amour pour elle. Homme scrupuleux avec un sens du devoir pointu, il vivra cette passion comme une torture

Jeanne GRANDJEAN
La fille d'Hélène et de son défunt mari. Enfant atteint de phtisie, elle est entourée et vous à sa mère un amour exclusif.

RAMBAUD
Frère de l'abbé Jouve, ami d'enfance du mari d'Hélène. Il lui voue un amour démesuré.
Il épousera Hélène au décès de Jeanne.

Monocle - tournai - 64 ans - 26 septembre 2021


Un peu fade 5 étoiles

Ce huitième roman du cycle des Rougon-Macquart n'est pas inintéressant mais n'est pas celui, loin s'en faut, qui m'a le plus passionné. Je n'y ai pas vraiment trouvé d'émotion, j'étais encore mentalement dans "L'assommoir", et dès que j'ai eu commencé le suivant "Nana" je l'ai vite oublié. Dans le même style j'ai été plus marqué par "La joie de vivre". Et de fait qu'à l'époque, on le considérait d'ailleurs un peu comme le calme entre deux tempêtes. Un des moins connus, ce qui ne m'étonne pas puisqu'il me semble faire partie des dispensables de cette saga. Un peu fade, donc.

Warrel62 - - 54 ans - 11 avril 2013


Coup de foudre, passion... Mort... 9 étoiles

Publié en 1878, « Une page d’amour » est le huitième volume de la série « Les Rougon-Macquart ».
Hélène et Jeanne Grandjean, mère et fille. Hélène veuve depuis peu est la benjamine des enfants Mouret ; la sœur du Silvère de « La fortune des Rougon » et de François de « La conquête de Plassans ». Elle s’installe à Paris. Jeanne est d’une santé chancelante. Elle devra recevoir les soins du Docteur Deberle… un voisin.
Il nait un amour exclusif et passionné entre Hélène et le Docteur ; un amour que Jeanne, exclusive elle-même dans l’amour qu’elle porte à sa mère, ne supportera pas… Elle finira par provoquer l’infection pulmonaire qui causera sa mort en s’exposant au froid de la fenêtre ouverte un jour de mauvais temps, alors que sa mère se donne au beau Docteur.
Hélène, culpabilisée à outrance ne s’en remettra pas…

« Une page d’amour » : un roman pas très connu d’Emile Zola.
Certains esprits chagrins lui trouvent une structure un peu creuse… certes… avec des thèmes principaux comme le coup de foudre, la passion amoureuse et la maladie d’un enfant…
Il n’en reste pas moins qu’à mes yeux, un Zola reste un Zola ; et que son style, rien que son style, constitue pour moi un ravissement.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 18 juillet 2012


Surprenant 8 étoiles

Avec ce tome des Rougon Macquart, Zola m'a beaucoup surpris. En effet, ce tome est réellement différent de ceux que j'ai lu pour l'instant. Je n'aurai jamais deviné qu'il eut pu s'agir d'un Zola en le lisant.
L'auteur a vraiment bien analysé ce que peut ressentir une femme, "bien sous tous rapports", qui tombe amoureuse de son voisin, marié à une femme qui est devenue son amie. On suit les tourments d'Hélène, qui d'abord, tente de nier, puis d'éviter sa passion, mais qui finit par y succomber.
Ce roman nous fait découvrir un autre aspect du talent de Zola, et je conseille vivement ce tome, pourtant méconnu.

PA57 - - 41 ans - 9 juin 2012


Une Page rapidement tournée. 10 étoiles

On l'a dit, Zola est entré partout. Mais pénétrer dans le coeur d'une femme, quel art, quel enjeu, quel défi ! C'est, broyée entre Nana et l'Assommoir, les deux plus scandalisants romans de Zola, que cette passion simple et sans éclat, pleine de douceur, même dans sa plus intense cruauté, prend place. Sous des dehors lisses, l'oeuvre est finement ciselée, et profondément cruelle ; on a du mal, au sortir de la vision d'Hélène, à savoir si la mère était trop égoïste, ou si c'était sa fille qui était trop jalouse. C'est que l'auteur, s'engageant dans la voie tortueuse de l'analyse et du roman psychologique, prend le soin de nous laisser maîtres du dernier mot. Il évite un autre écueil, qui serait de s'embourber dans une histoire fleur bleue assez ennuyeuse et trop insipide.
Le style est, comme toujours, assez savant, même si je trouve que certaines structures que Zola utilise à plaisir sont assez agaçantes à la longue ; dans un tel roman, ce sont les descriptions de Paris, qui, périodiquement, viennent apporter un relief stylistique au monument qui sont les plus belles. Le bal des enfants, la visite au cimetière, et surtout l'attente de Jeanne et de sa poupée au bord de la fenêtre sont de véritables moments d'anthologie.
Il y a tout le tragique de Racine dans l'étreinte de cet enfant et de ce bout de chiffon, avant la mort. La fin de la quatrième partie est l'une des plus belles choses que je n'aie jamais lues.
Une Page d'Amour serait-il donc le meilleur des Rougon-Macquart ? Ceci est difficile à dire, notamment parce que l'oeuvre se détache des tons qui dominent les autres morceaux du cycle. A part Le Rêve et La joie de Vivre, il n'a pas d'égal chez le romancier - mais les deux autres romans ne sont-ils pas aussi les meilleurs de Zola ?
En tous les cas, Une Page d'Amour est un excellent roman, un chef-d'oeuvre méconnu, comme tant d'autres, d'une profondeur et d'une puissance rare, sans doute le plus touchant et le plus bouleversant de tous les Rougon-Macquart, et qui n'a rien à envier à Madame Bovary, ou à Une Vie.

Lu entre "On ne badine pas avec l'amour" (Musset) et "Illusions Perdues" (Balzac).

Lisancius - Poissy - - ans - 5 juillet 2010


Une psychologie subtile 9 étoiles

Difficilement homme pouvait saisir avec tant de justesse les méandres de la passion d'une femme pourtant dite "raisonnable"et qui semble inéluctablement sombrer dans les rets d'un homme très convenable, au détriment des amis fidèles toujours prêts à l'entourer, de sa fille et surtout du bon sens commun.
Ici l'amour ne peut être que tragique car annoncé comme impossible du point de vue moral et destructeur pour l'entourage de l'héroïne, blessant à la fois la fille unique d'une jalousie morbide et l'amoureux ignoré plus qu'éconduit.
Le roman est passionnant d'une page à l'autre, les personnages sont réalistes et ne sont pas engoncés dans une psychologie de pacotille, ils sont faibles, cruels parfois, amoureux exclusifs et surtout bouleversants et attachants.
Une grande réussite.

Opalescente - - 41 ans - 8 novembre 2005