Les voix du poème
de Collectif, Bruno Doucey (Edition), Christian Poslaniec (Edition)

critiqué par Septularisen, le 25 février 2021
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
ANTHOLOGIE DES VOIX POÉTIQUES.
Tous les ans à l’occasion du «Printemps des Poètes», les Éditions Bruno DOUCEY publient l’anthologie de référence du thème de l’édition annuelle. Pour 2013 et la 15e édition de cette manifestation le thème était: «Les voix du poème». Les textes proposés proviennent de la poésie de tous les temps et de tous les pays

L’anthologie que nous proposent donc Bruno DOUCEY (*1961) et Christian POSLANIEC (*1944), nous permet de découvrir cette polyphonie poétique, jouant sur l’homophonie des termes voix et voie. P. ex. on parlera de «Voix piétonne", pour des poètes nomades comme Arthur RIMBAUD et Jean L’ANSELME, de «Voix express», pour des poètes écrivant des poèmes cours et rapides à lire comme p. ex. Vénus KHOURY-GHATA ou encore BASHÕ, de «Voix royale» pour de grands textes touchant le cœur du lecteur à vif avec p. ex. : Paul VERLAINE et Federico GARCIA LORCA ou bien encore de «Voix sans issue», avec des poètes comme Anna de NOAILLES ou Yannis RITSOS…

Il m’est bien sûr impossible de parler de toutes les déclinaisons abordées dans une si courte recension, Disons que l’on trouvera aussi: «La Voix de passage», la «Voix publique», en passant par «La voix lactée», «La voix d’eau», «La voix publique», etc… Comme il m’est impossible de parler des 83 poètes présents dans cette anthologie, parmi lesquels on retrouvera: Margaret ATWOOD, Claude BER, Yves BONNEFOY, Andrée CHEDID (Dont la poésie est ci sur CL : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/55634), Émile VERHAEREN, Robert DESNOS, Charles BAUDELAIRE, Anna de NOAILLES, Zbigniew HERBERT (Dont la poésie est ici sur CL : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/48351), APOLLINAIRE, Jean PORTANTE…

Précisons qu’il y a aussi de petites notices bibliographiques des poètes à la fin de l’anthologie, qui permettent de remettre chaque poète dans son temps et dans son contexte et donc de mieux comprendre la présence de chaque poète au sein de ce recueil.

Comme toujours avec une anthologie on pourra s'étonner du choix des poètes sélectionnés (ou pas...), mais, en tous les cas, un très beau livre, qui transmet beaucoup d’émotions et de sentiments à travers la poésie, ses «Voix» venant de tous les temps et de tous les pays…

Difficile de finir en choisissant un seul poème, pour illustrer toutes ces voix poétiques, mais puisqu’un choix il faut faire, voici donc la Québécoise Rita MESTOKOSHO (*1966) :

«Parfum de la terre»

Viens marcher avec le printemps
Sens le vent sur tes joues
Sois libre de tes mouvements
Prends le temps de vivre
Car demain ne t’appartient pas

N’oublie pas ta promesse
D’aller retrouver la paix
Dans une forêt
Dans une maison en bois
Retrouve le battement de ton cœur

Nous partirons les yeux fermés
Le cœur enveloppé
Du parfum de la terre
L’automne Uashtessiu
Qui nous dira
Viens viens mon ami mon frère
Oui je t’attends
Depuis cet instant
Où ton souffle a touché mon âme
Oui je t’attends mon frère
Alors nous partirons tous deux

J’ai vu la montagne dans sa splendeur
J’ai entendu la rivière dans son désir
Quel plaisir et quel bonheur
D’être dans les bras de la terre

Voir son regard s’évanouir dans le mien
Pendant qu’il ferme les yeux sur mon corps
Pour mieux goûter à l’instant
J’entends son cœur battre

J’aime son silence
J’aime sa voix
J’aime son reflet
J’aime l’invisible que je ne peux toucher
Mais que je sens avec force en moi

Les arbres sont témoins de mon amour
Les rochers entendent encore aujourd’hui
L’écho de ma grande tendresse
Sur le ciel qui nous enveloppe

Mon cœur est fait de branches de sapin
Entremêlées à toutes les saisons du monde
Je dors pour mieux tapisser tes rêves
Et celui du chasseur en quête d’une terre
Où il pourra alimenter son envie d’être libre
De marcher en admirant les courbes des rivières
De nourrir sa faim et d’assouvir sa soif

Je crois aussi en la force du destin
Je crois aussi en la confiance de demain
La patience d’attendre en admirant l’eau des chutes
En priant pour son prochain

Je deviens l’hiver pour me reposer
Je deviens le printemps pour rêver
Je deviens l’été pour briller

Et je suis une femme d’automne
Née dans un univers qui est aussi le tien.

In «Paroles d’un continent» (2011)