Oxymores subit(e)s
de Marc Menu

critiqué par Débézed, le 12 février 2021
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Micofictions
Pour fêter l’entrée dans sa deuxième décennie, Cactus inébranlable éditions a, entre autres initiatives, créé une nouvelle collection, Microcactus, destinée à publier des recueils de textes courts. Des ouvrages au format poche qui comportent environ deux cents textes très courts, peut-être un peu moins, des textes que personnellement je situerais entre l’aphorisme et la courte nouvelle. Un autre mode d’expression par l’écrit. L’honneur d’écrire le numéro « 1 » de cette nouvelle collection, le présent recueil, a échu à Marc Menu qui s’en donné à cœur joie.

Pour ce premier numéro qui servira, sans doute, un peu de référence, de prototype, aux auteurs qui écriront les opus suivants, Marc propose des textes de quelques mots à quelques lignes remplis d’humour, parfois noir et même cynique. Des textes dans lesquels, il joue avec le mots mais aussi avec les idées, les impressions, les émotions, de l’expression écrite condensée. Comme il s’agit du numéro 1 de la collection, j’ai choisi de présenter quelques exemples de textes proposés par l’auteur.

Ce recueil comporte principalement des courtes nouvelles, comme celles qui suivent, elles racontent une histoire drôle, cynique, pleine d’humour noir ou totalement burlesque. Des textes à contre-courant de la bien-pensance et de l’ordre établi :

« Le chien traverse la rue. L’automobile freine des quatre fers. Elle dérape sur le sol humide, et va embrocher la vieille qui promenait son déambulateur. Le chien, haletant, reprend ses esprits sur le trottoir d’en face. Le fils de la vieille lui donne un sucre ».

« L’enquête se mit très vite à piétiner – ce qui fit un sacré paquet de traces de pas. Plus d’un chien y laissa la truffe ».

Il contient également quelques textes très courts qui pourraient sans froisser les lecteurs, même le plus exigeants, se glisser dans le meilleur recueil d’aphorismes :

« Aucun documentaire sur les faucons ne pourra jamais nous faire oublier que les nôtres sont vrais ».
« A l’orphelinat, bon nombre d’enfants se plaignaient du mal de mère ».
« Elle était coiffeuse. Et tellement rasoir. »

Et, comment laisser ce bout de texte sans avoir un petit pincement à mon égo ? Un auteur qui connait et pense à ma région ! Damnation ! Une si belle intention méritait bien cette citation :

« Cette fois, c’est décidé. Cette année, pour les vacances, ce sera la Franche-Comté. Mais on partira après tout le monde, sans doute en octobre. Parce que bon. Jura, mais un peu tard. »
Ainsi, il se pourrait qu’il rencontre un lecteur assidu penché sur un Microcactus coincé entre deux pintes à la terrasse d’un café !