La danse de la vie - De la cellule à l'être humain: De la cellule à l'être humain
de Roger Highfield, Magdalena Zernicka-Goetz

critiqué par Colen8, le 8 février 2021
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Le ballet enchanté des cellules embryonnaires
L’observation filmée des cellules mises en couleurs durant les heures qui suivent la fécondation d’un ovule a confirmé les découvertes longtemps controversées de cette chercheuse passionnée(1). Une rupture de la symétrie originelle(2) au point précis de la pénétration du spermatozoïde déclenche le signal de division de la cellule. Celui-ci commande la production parallèle et différenciée des tissus de l’embryon précoce avant le quatorzième jour et ce qui suit : implantation dans l’utérus, création du placenta, développement ultérieur jusqu’au stade de blastocyste.
Après des années d’expériences sur les cellules fécondées de souris allant jusqu’à la création de chimères, les recherches se sont orientées successivement sur celles des humains, sur la plasticité et les aptitudes de leurs cellules souches embryonnaires, enfin sur des embryons artificiels permettant de lever certains freins d’ordre éthique et moral à l’égard du vivant.
Sous réserve du respect des règles fixée par la loi l’embryologie a pour finalité de comprendre les anomalies du développement afin de mieux les contourner. Surprise de taille, elle a révélé les capacités d’auto-organisation et d’auto-réparation de ces premières cellules destinées à former un nouvel être. Ses domaines d’intervention s’élargissent sans cesse, couvrant les objectifs avant tout d’ordre médical, tels que :
- réduire la fréquence des fausses couches toujours éprouvantes pour les futures mères,
- améliorer les taux de réussite de la FIV(3) si dépendants de l’âge de la mère, parfois aussi de celui du père
- prévenir par le diagnostic préimplantatoire les maladies génétiques ou métaboliques toujours handicapantes parfois létales chez des enfants à naître
- tenter de les guérir dès le stade embryonnaire en activant les capacités auto-réparatrices de certaines cellules
- tester des médicaments en renonçant aux modèles animaux par trop différents des humains
- reprogrammer les cellules de quantité de pathologies pour les retarder ou les guérir : cancers, maladies neurodégénératives
- fabriquer les tissus nécessaires à la réparation ou au remplacement d’organes défaillants.
Née, élevée, diplômée en biologie dans la Pologne communiste, invitée par la suite au Royaume-Uni pour y poursuivre ses recherches en embryologie, c’est donc là que Magda Zernicka en a obtenu la nationalité, s’y est mariée, y a fondé sa famille. Simultanément elle s’est consacrée à un travail de recherche inédit ponctué de publications majeures que la communauté scientifique a tardé à lui reconnaître. Quarante ans plus tard elle n’a pas à en rougir mais souligne avec regret les préjugés et barrières opposés aux femmes de science.
(1) Pour en savoir plus : https://www.3dembryoatlas.com/
(2) Evoquée dans un article de 1952 par le génie mathématique Alan Turing que l’on n’attendait pas sur ce terrain là
(3) Fécondations in-vitro, plus généralement la PMA (procréation médicalement assistée)