Blanche Neige et les lance-missiles (Quand les dieux buvaient, Tome 1)
de Catherine Dufour

critiqué par CC.RIDER, le 4 février 2021
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un régal !
Les Uckler forment une peuplade un peu bizarre. Gais, industrieux et généreux, ils n’ont qu’un seul défaut. Quand ils rencontrent un étranger, un vrai, ils le zigouillent. Ils récoltent également des saucissons sur des arbres appelés saucisonniers et s’en servent pour fabriquer une bière tout à fait infecte. Mais, comme ils n’en connaissent pas d’autre, ils la trouvent délicieuse. Et voilà qu’Aïe, un des leurs, parti depuis longtemps, revient un beau jour parmi eux juché sur un gragon pour leur dire qu’il a fait fortune et qu’il les a toujours détestés cordialement. Depuis ce jour, rien ne va plus chez les Uckler. Une mycose parasitique appelée pioupiase fait des ravages dans leur forêt de saucissonniers. La bière devient imbuvable même pour eux. Et l’ambiance si joyeuse d’ordinaire vire au lugubre. Alors la tribu décide d’envoyer l’un des siens, Tute, chercher de par le vaste monde de nouvelles graines de saucissonnier…
« Blanche-Neige et les lance-missiles » est un charmant roman de fantaisie parodique qui regroupe en un seul volume deux ouvrages publiés séparément au départ, « Les grands alcooliques divins » et « L’ivresse des providers ». Pour le même prix, le lecteur a donc droit à deux histoires se passant d’ailleurs à deux époques différentes (avant et après un Grand Cataclysme Cotonneux) et même à des bonus dans le tiers final avec « Le feu dans les modules de drivers » entre autres. On comprendra que nous sommes dans la narration foutraque, barrée, avec pour seul souci le plaisir et l’amusement du lecteur. Lequel se retrouve avec un tas de personnages de contes aussi connus que Peau d’Âne, la Belle au bois dormant, Cendrillon, le Petit Chaperon rouge ou la Fée Carabosse, complètement revisités et en nettement délurés. Dans la seconde partie, il retrouvera d’autres fées qui ont tout de péripatéticiennes, un Evariste Galois et surtout un Bill Guette encore plus diabolique que l’original. Sans oublier une Blanche-Neige devenue une terrible impératrice suite à une erreur de distribution de pomme empoisonnée. Cet ouvrage s’est vu décerner un Prix Merlin tout à fait mérité. Catherine Dufour dispose d’un style assez inimitable. Un véritable régal de lecture tant les allusions littéraires ou autres, les blagues, les jeux de mots et autres contrepèteries sont nombreux. Que l’on ne cherche plus une émule du regretté Pratchett ou du génial Gayman, nous l’avons et elle est française ! Ne ratez pas cette « Blanche-Neige » qui saura vous amuser, vous distraire et vous faire rire, toujours avec intelligence, élégance et finesse.