Le chant du monde
de Jacques Ferrandez

critiqué par Kostog, le 7 janvier 2021
( - 51 ans)


La note:  étoiles
L'homme du fleuve
Antonio, dit « Bouche d'or », est un homme du fleuve. Lorsque Matelot, le vieux bûcheron, vient lui demander de l'aide pour retrouver son fils disparu, il se laisse convaincre et part avec lui à sa recherche. Les deux hommes se dirigent vers le Haut Pays, territoire du terrible Maudru, le chef despotique des bouviers qui règne en maître sur les hommes et les bêtes, dont la fille s'est enfuie.

Le récit débute par une chasse à l'homme et jusqu'à la fin, la traque menée par les hommes de Maudru, maintient une tension qui persuade le lecteur que l'histoire échappera difficilement à un dénouement tragique.

Il faut tirer son chapeau à la tentative de Jacques Ferrandez de s'attaquer à un roman comme Le Chant du Monde, dont l'intrigue n'est pas simple et dont le style, ample hymne à la nature, semble présenter tous les pièges qui guettent les inconsidérés se lançant dans une adaptation.

Le résultat est un très bel album, de 160 pages tout de même, avec de superbes aquarelles qui magnifient des paysages des Alpes provençales (la région reste imaginaire dans le récit de Giono). L'éditeur également ne s'est pas moqué du public comme le prouve le format et la qualité de la couverture. Ferrandez place le récit à une époque indéterminée entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe ce qui est convainquant et lui permet également d'utiliser comme décors l'architecture rurale et la très picturale vieille ville de Sisteron.

Les admirateurs de Giono, qui acceptent le principe de l'adaptation ne seront pas déçus. La truculente langue du romancier est présente dans les dialogues et les aquarelles de Ferrandez sont un bel hommage à la nature vivante que le natif de Manosque aimait à célébrer. Personnellement, j'ai seulement un petit mais concernant la représentation graphique des expressions des personnages. Je les trouve un peu figées et peu variées.

Cette remarque en passant n'est pas une raison pour bouder son plaisir et pour ne pas profiter de cet album qui se distingue par bien d'autres aspects.