Tango - tome 5 - Le dernier condor
de Matz (Scénario), Philippe Xavier (Scénario et dessin)

critiqué par Septularisen, le 28 novembre 2020
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Le passé ne disparaît jamais vraiment, et parfois il vient demander des comptes…»
Après leurs dernières aventures Tango et Mario se sont installés à Buenos Aires en Argentine. Ils ont acheté un immeuble, dont ils occupent chacun un appartement au dernier étage et ils louent les autres appartements à des locataires triés sur le volet. Mario y habite et s’occupe de la gestion journalière de l’immeuble, tandis que Tango lui, préfère passer ses journées dans son ranch de la pampa argentine.

Mario ne souhaite plus que couler des jours paisibles sans embrouilles. Mais un jour, alors qu’il accompagne son neveu Diego à un match de football, il disparaît sans laisser de traces. Diego et sa mère Monica après avoir vainement fait appel à la police locale, appellent Tango à la rescousse. Celui-ci découvre sur des images de vidéosurveillance que Mario a été enlevé! Mais par qui? Et pourquoi?..

Tango le sait, il n'a que quelques heures devant lui pour retrouver son ami, mais par où commencer ?..

Le scénario d’Alexis «Le Tueur» MATZ (*1967, de son vrai nom Alexis NOLENT), nous offre dans ce volume une belle «pirouette» scénaristique. Cette fois ce n’est pas le passé trouble d’agent double de Tango qui remonte à la surface, mais celui d’ancien policier intègre et incorruptible de Mario. C’est bien vu de la part du scénariste, puisqu’ici l’habituel second rôle devient le héros ! Et ce d’autant plus que cela nous permet de connaître le passé de celui-ci et de mieux cerner la psychologie du personnage.

Cela nous donne une histoire bien ficelée, très ancrée dans la réalité historique (avec de nombreux allers-retours temporels), et beaucoup plus sombre et cru que dans les volumes précédents. Malheureusement, vers la fin de l‘album, MATZ retombe dans ses travers, et l’histoire retombe dans son train-train habituel. [(Attention divulgâchage : Comprendre Tango arrive et tue tous les «méchants»!)]. Dommage le scénariste aurait pu développer ici une histoire bien plus originale!

Une fois n’est pas coutume, parlons de la colorisation de M. Jérôme MAFFRE, qui dans ce volume compte beaucoup et est vraiment un élément essentiel (j’allais presque dire un «personnage» à part entière!). Ainsi p.ex. quand Mario est aux mains de ses tortionnaires, les couleurs sont accentuées sur le brun (Pg. 3-5 ; 7 ; 24-25…), les noirs de la nuit sont profonds et teintés d’ombres (Pg. 24-33), mais je retiens surtout ce sont les magnifiques rouges du soleil couchant après une chaude journée sur Buenos Aires qui semblent aussi refléter la souffrance de Mario au même moment. (Voir le dessin de la couverture p. ex.).

Le dessin de M. Philippe XAVIER (*1969), est lui toujours aussi bon! C’est beau, bien dessiné, et précis. C’est simple, on s’y croirait! On jurerait être en train d’arpenter les rues, ou ressentir la moiteur de la ville de Buenos Aires la nuit! Les visages sont magnifiquement bien rendus, et les scènes d’action très dynamiques, aidées il est vrai par un découpage des plus originaux (Pg. 48-53 p. ex.) Il y a bien quelques «faux raccords», p ex. si Mario suite à ses blessures a un bandage sur le bras droit (Pg. 38-39), comment se fait-il que le bandage se retrouve sur son bras gauche? (Pg. 40-41 ; 51 et 56). Mais bon, dans l’ensemble rien de bien grave…

Je reste à penser que «Tango» est une bonne série... Mais, tant que M. MATZ voudra faire du «Largo Winch», je ne pourrai pas mettre un meilleure note! Désolé, mais n’est pas Jean Van HAMME qui veut, et surtout on ne peut pas toujours finir ses albums de la même façon… Trop simple, trop simpliste pour faire une bonne BD! Déjà, il faudrait des histoires plus longues, plus développées (sur deux albums peut-être?). Mais aussi avec un scénario plus original, plus développé, laissant plus de place aux personnages secondaires...

Sans aucun doute un volume de transition, en attendant que nos deux compères reprennent la route pour de nouvelles aventures… La seule chose que je peux leur souhaiter est que le scénario fasse pareil et se renouvelle en faisant preuve de plus d’originalité.

Comme toujours avec cette série, au vu des nombreuses scènes de violence, particulièrement crues et réalistes qui y sont présentées, on évitera de mettre cet album dans les mains des plus jeunes.