La Soeur du petit Hans
de Claude Louis-Combet, Vladimir Veličković (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 22 novembre 2020
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Audacieux, inconfortable et peu commun
Ce court récit est une fiction qui prend racine chez Freud. En effet, ce dernier a suivi le petit Hans qui avait développé une phobie des chevaux. Claude Louis-Combet a imaginé que la sœur de ce patient, à l’âge de l’adolescence et de la naissance du désir, se voit attirée par les chevaux. Ce dernier point est fictif.

Le père de la psychanalyse a parfois abordé des sujets délicats dans ses écrits et l’auteur Louis-Combet couche sur papier l’attirance zoophile de cette adolescente. Le sujet n’est pas classique et tabou, et la forme est aussi originale : l’écrivain alterne des notes prises par l’adolescente elle-même avec un récit à la troisième personne du singulier sans qu’il y ait de signes typographiques clairs. Ce va-et-vient nous permet de passer de l’intériorité à l’extériorité et de pénétrer dans les désirs souterrains de cette jeune fille. Il faut sans doute du courage, de l’audace et de l’intelligence pour aborder un tel sujet. La naissance du désir d’une adolescente et la zoophilie sont deux thèmes délicats. Il faut donc trouver le juste milieu pour ne pas tomber dans la littérature scandaleuse. De plus, le texte est accompagné de dessins de Vladimir Velickovic, des dessins explicites, crus mais en total accord avec le texte.

Certains passages peuvent indisposer le lecteur qui n’a pas forcément envie de découvrir de tels désirs. Ceux-ci ne sont pas toujours confortables, mais l’auteur, souvent évoqué sur Critiques libres en termes mélioratifs, possède une belle plume. Malgré un sujet tabou, il possède un style fort appréciable, presque poétique. Parler du désir n’est pas toujours chose aisée quand il s’agit de littérature. Evidemment si l’écrivain souhaite faire un texte pornographique, plusieurs procédés stylistiques crus sont possibles afin de retranscrire ces scènes. Ce n’est pas le choix de l’auteur, même si la sexualité est omniprésente à chaque page. L’écrivain ne juge pas, mais relate, peint au plus juste ces pulsions qui dépassent les frontières humaines jusqu’à atteindre une dimension mythique comme le soulignent certaines allusions. Le regard de l’autre n’est pas absent de ce récit. Ces désirs hors-normes sont condamnés et suscitent un dégoût intense chez ceux qui ont décelé ces pulsions.

Ce texte remue et dérange souvent. Certains passages peuvent même écœurer le lecteur. Ce récit touche à ce qui est souterrain, au désir, à ce qui est incontrôlable et réfréné par la morale. Ce qu’un adulte aurait pu taire, une adolescente, peu familière avec le désir, ne peut le museler. L’intérêt psychanalytique d’un tel cas et le style de l’écrivain sont les atouts principaux de ce récit inconfortable. Je ne sais pas si j’aurais dû commencer par ce texte pour découvrir cet écrivain …