La mer sans étoiles
de Erin Morgenstern

critiqué par Reginalda, le 15 novembre 2020
(lyon - 57 ans)


La note:  étoiles
Abondance de biens… nuit
La présentation de l’éditeur est fidèle à l’amorce du livre : Zachary Ezra Rawlins, étudiant en thèse sur les jeux vidéo, tombe par hasard dans la bibliothèque de son université sur un livre mystérieux, en fait un recueil d’histoires dont l’une parle d’un épisode de son enfance. Ce sera le début d’une quête fastidieuse qui le mènera dans un monde énigmatique qu’il devra déchiffrer, aidé d’une certaine manière par les différents récits de quelques livres sur lesquels il tombera et qui entrecoupent la narration principale.
Mais que c’est laborieux ! Donné pour une célébration de l’imagination, « La mer sans étoiles » m’est apparu comme un pénible vagabondage dans un univers de jeu vidéo, avec des personnages interchangeables et sans chair (même le héros qui semble n’être capable que d’un seul rapport au monde : l’incompréhension), dont le summum des actions consiste à ouvrir des portes pour atterrir dans une nouvelle pièce qui aura une nouvelle porte et ainsi de suite. Évidemment, dans ces pièces, il y a des indices/symboles/attributs qui auront un écho et une utilité dans une autre pièce… Le tout relevant comme il se doit d’un imaginaire de type fantasy-conte de fées, avec des rois, des princesses, des forgerons, des veilleurs, des gardiens de secrets triés sur le volet, des forgerons, des épées… Bref, n’en déplaise à l’éditeur, Erin Morgenstern semble au contraire souffrir ici d’un manque d’imagination criant et sa glorification aussi incessante qu’irritante des « histoires » ressemble davantage à un mantra pour s’auto-persuader de la valeur de celle qu’elle nous inflige. Car, même si « La Mer sans étoiles » est écrit dans une langue élégante (la traduction et tout à fait heureuse), la prolifération de ces histoires assez pauvres ne donne pas une bonne histoire globale et encore moins un bon roman.