Une indécente liberté
de Eve de Candaulie

critiqué par Débézed, le 13 novembre 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Pour le polyamour
Hédoniste, naturiste et libertine, Eve a choisi comme pseudonyme pour raconter sa vie intime tellement riche, le néologisme qui désigne une forme de sexualité qui n’est exprimée dans la littérature et les médias que depuis peu : le candaulisme qu’elle a dérivé en Candaulie. Le candaulisme est une pratique sexuelle qui désigne ceux ou celles qui prennent leur plaisir en contemplant les ébats de leur conjoints, ou conjointes, avec une ou des tierces personnes. Ce terme a été choisi en référence au légendaire roi Candaule qui voulant exhiber ses ébats avec sa femme devant Gygès, l’un des officiers de sa garde, en fut sévèrement puni.

C’est le troisième opus qu’Eve édite, elle a déjà publié « Osez le candaulisme » et « L’infidélité promise » inspirés de son expérience personnelle, elle raconte l’évolution de sa sexualité, ses rapports avec son mari, ses amant(e)s, ses partenaires occasionnel(le)s, les pratiques qu’elle a découvertes, l’évolution de son couple vers le candaulisme dont elle est devenue, avec son mari, une adepte. Elle a décrit ses mœurs parce qu’elle en a éprouvé le besoin quand elle a constaté le « décalage entre ma vie verticale et horizontale », la vie du commun des mortels en opposition avec la vie des libertins, sa vie intime en opposition avec sa vie sociale.

Dans ce troisième ouvrage, elle raconte plus expressément son envie d’avoir un enfant qui se heurte à la difficulté qu’elle rencontre à être fécondée. Ce récit s’articule en trois parties correspondant au cycle de la maternité : le désir d’enfant (avec toutes les difficultés qu’elle surmonte pour être fécondée), la grossesse, la vie de mère et de femme concomitamment avec toutes les contraintes imposées par le nourrisson et toutes les modifications biologiques et hormonales subies par la femme devenue mère. Le plus difficile pour elle sera de redonner dans son corps, dans sa tête, dans sa vie la place dévolue à la mère et accaparée par l’enfant et tout ce qu’il impose.

Ce livre s’il évoque principalement l’arrivée d’un enfant avec tous les désirs qui l’ont précédé, ne néglige en rien la vie libertine des deux parents. Eve raconte certaines de ses aventure pour bien faire comprendre au lecteur tout ce qu’il faut de tolérance, de résilience, d’acceptation à chacun des deux membres du couple pour pouvoir vivre leur polyamour en harmonie. Elle voudrait surtout que les jeunes adultes comprennent avant de s’engager dans une vie de couple que la vie à deux pour toujours en assurant une descendance n’est pas la seule façon de vivre sentimentalement et sexuellement, il existe au moins une alternative, c’est celle qu’elle prône.

Dans ce récit érotique mais jamais vulgaire et encore moins graveleux, Eve dit les choses comme elles sont avec délicatesse et sincérité sans aucune fausse pudeur mais sans rien éluder. Elle confesse ses joies, ses plaisirs, ses satisfactions, les difficultés qu’elle a rencontrées, les obstacles qu’elle a dû surmonter avant de pouvoir formuler ce bilan qu’elle livre à ses lecteurs. « J’ai vécu ce que je voulais vivre. Je ne voulais pas avoir de regrets. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait parce que j’avais envie de le faire. J’ai suivi un élan dans la vie. Je ne me suis pas demandé s’il était trop tôt pour moi de le faire. Je ne me suis pas pensé ce que l’on penserait de moi. Mon mari m’a encouragé à être maîtresse de mes choix ».

Avant de décider que l’amour ne se partage pas, qu’il est pour toujours, il serait peut-être intéressant de lire ce livre pour découvrir l’expérience d’Eve. Et éventuellement en tirer une conclusion personnelle.