Des baisers parfum tabac
de Tayari Jones

critiqué par Loupardennais, le 25 octobre 2020
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Mic-mac au pays des blacks !
Dana Lynn Yarboro est le fruit d’une relation illicite. Elle vit avec sa mère et ne voit son père que de temps à autre. Lui qui mène une vie officielle auprès de son épouse officielle et de sa fille légitime. A travers l’histoire d’une jeune fille d’Atlanta, Tayari Jones raconte une existence remplie de colère, de jalousie, d’amertume, mais surtout de besoin de reconnaissance. On songe à tous ces gosses demeurés dans l’ombre. Pour apporter de la densité à son récit, elle oppose le récit de la demi-sœur de l’héroïne qui grandit dans la chaleur d’un foyer « aimant » et qui ignore qu’une autre attend la venue d’un papa trop absent et dont elle ne portera jamais le patronyme. Si la rage est omniprésente, il y a aussi beaucoup d’humanité qui émane de ces pages rédigées avec la vigueur d’une confession. Ici, pas de gagnants ou d’épilogue qui remet les pions en ordre sur l’échiquier des passions. Par contre, l’autrice a réussi à tendre la main à toutes celles et à tous ceux qui vivent pareille situation, en se faisant leur témoin. S’il s’agit bien d’un roman qui parle de détresse, il traite avant tout de reconnaissance, d’amour à recevoir et à partager. En filigrane, on découvre la situation des afro-américains dans une société qui leur a trop souvent nié des droits égaux à ceux des blancs.