Le Rêve de Émile Zola
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Une Pause
Le rêve, livre dont on ne s'attendait pas de la part de Zola, est une pause presque heureuse dans le morbide destin de la race dégénérée des Rougon-Macquart.
Beaumont l'Eglise, écrasé par sa cathédrale, ne vit que par et pour l'évêché, protégeant ses paisibles et fervents habitants de l'entreprenant XIXe siècle lorsqu'un soir d'hiver jette sur le pavé Angélique, une orpheline de l'Assistance Publique. C'est un couple de brodeurs en mal d'enfant, les Huberts, qui recueille la fillette malgré sa naissance louche. Las, sa lourde hérédité ne tarde pas à réémerger à travers les crises et les rêveries d'Angélique devenue jeune fille ne pensant plus qu'au jeune homme blond, noble et riche qui viendra pour l'aimer et être aimée d'elle. Et le moins surprenant est que le jeune homme obéit, apparaît en la personne de Félicien VII de Hautecœur, fils de l'évêque de Beaumont, l'aime et est aimé et finit par triompher des résistances de son père qui le destine à une demoiselle des environs pour épouser l'orpheline Angélique. Angélique, qui, très simplement, très humblement, meurt heureuse dans les bras de Félicien au jour même de ses noces.
On n'attendait pas un tel livre de la part de Zola, aussi mièvrement romantique, aussi religieusement idyllique. On avait tort. Le Paradou de la faute de l'abbé Mouret, les dernières pages d' Au bonheur des dames annonçaient déjà que le maître de l'horreur naturalisé ne dédaignait pas les idylles très simples. Au reste, même par endroit mièvre et affecté, le rêve c'est du Zola. On y retrouve le même souci du plan, des effets et des détails, la même constance dans la description d'un milieu et d'un destin, la même fidélité au grand thème zolien, la conjuration de l'hérédité et du milieu contre l'homme. Ainsi si la mort finale d'Angélique est très simple et très juste, c'est qu'elle est l'aboutissement logique de son existence. La conjugaison de son hérédité néfaste qui fait de la fille abandonnée de Sidonie Rougon une rêveuse cyclothymique et névrosée et du milieu cloîtré dans la religion et hanté par la présence des Vierges Saintes et des mortes heureuses suffit à vouer Angélique au destin de morte heureuse. Zola rompt d'ailleurs ici avec ses peintures négatives du Catholicisme pour le figer en une sentimentalité béate et stupide qui exclut Beaumont du siècle qui avec la broderie forme la toile de fond de ce court roman. Rien dans le rêve n'en fait un livre indispensable, mais il demeure une pause agréable et nécessaire dans le cycle magistral et sublime des Rougon-Macquart.
Les éditions
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Le Rêve [Texte imprimé] Émile Zola préface d'Armand Lanoux,...
de Zola, Émile Lanoux, Armand (Autre)
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253002833 ; EUR 4,50 ; 30/11/2003 ; 318 p. ; Poche
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Un Zola à contre courant

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De quoi déconcerter le lecteur lambda et avoir d’ailleurs interpellé de nombreux exégètes de la littérature zolienne. L’auteur lui-même n’a-t-il pas écrit dans l’ «Ebauche » du « Rêve » : « Je voudrais faire un livre qu’on n’attende pas de moi ». Pari totalement réussi sur ce plan, on en conviendra !
Le grand Emile a-t-il simplement souhaité s’accorder ou nous offrir une pause salvatrice, comme il l’avait fait pour « Une page d’amour » après « L’Assommoir » ? Respirer un peu d’air pur, après avoir été submergé par tant de pourriture ?
Oui, sûrement. Mais, sa démarche ne se limite pas à ce simple souci d’alternance et « Le Rêve » n’est certes pas que le joli conte bleu, évoqué ici et là. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter sur Internet l’approche psychanalytique de la genèse de « La Faute de l’Abbé Mouret » et du « Rêve » effectuée par Antonia Fonyi le 23 janvier 2007. A méditer et, en la matière, ne surtout pas s'en tenir au premier degré d'interprétation !
Etonnant

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C'est la finalité que j'ai préféré, quand Zola décrit la vie d'Angélique (le personnage principal) dans la globalité et avec un certain recul.
Ce n'est pas le meilleur de Zola, mais il vaut le détour.
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Toujours dans un mouvement ascendant. Il ouvre grand la porte au rêve chassant la barrière de l'incrédulité, de l'apriori, des schémas et des souffrances passées.
Par la foi en lui et en ses rêves, l'homme peut dépasser les mémoires de douleur ne lui appartenant pas. Et par là-même, ouvrir à d'autres possibles pour lui et les acteurs de ces mémoires, familiales ou sociales.
Le sens de sa vie ne pourra alors être bafoué, même par la mort !
"Le rêve" n'est pas une histoire. C'est un conte à sourires, à larmes. Bref, à vivre.
Partons rêver ... et vivre nos rêves.
Un rêve angélique

Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 40 ans) - 12 février 2011
C’est un livre étrange, quelque peu emphatique, parfois éthéré. Un livre paisible, loin des conflits sociaux et de la misère décrits dans les grands classiques de l’auteur. C’est admirablement bien écrit avec des descriptions de broderies, de tissus de grandes qualités. Un livre en hommage à cet art et pour cela, il vaut le coup d’être redécouvert. L’histoire cependant ne m’a pas passionnée. Agréable donc, mais sans plus.
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